«L'impasse militaire actuelle en Somalie est moins le reflet de la force de l'opposition armée que de la faiblesse du TFG», estime ce rapport du Groupe de contrôle de l'ONU. Malgré le soutien de la communauté internationale, les forces de sécurité du gouvernement de transition somalien (TFG) restent «inefficaces, désorganisées, corrompues» et toujours marquées «par une culture de milices», selon un rapport de l'ONU. «L'impasse militaire actuelle en Somalie est moins le reflet de la force de l'opposition armée que de la faiblesse du TFG», estime ce rapport du Groupe de contrôle (Monitoring Group) de l'ONU sur la Somalie, qui doit être présenté cette semaine au Conseil de sécurité. «Malgré une assistance internationale, notamment en (termes d')entraînement, les forces de sécurité gouvernementales restent inefficaces, désorganisées et corrompues», observe ce document, dont des extraits ont pu être consultés. L'armée et la police sont toujours un ensemble «composite de milices indépendantes loyales à des responsables gouvernementaux ou militaires qui tirent profit du business de la guerre et résistent à leur intégration sous un commandement unique». «Le gouvernement doit sa propre survie» à la force de paix de l'Union africaine (Amisom), «plutôt qu'à ses propres troupes», constate le Groupe de contrôle. Soutenu à bout de bras par la communauté internationale, le très fragile TFG ne contrôle qu'une petite partie de Mogadiscio, essentiellement grâce aux 5000 militaires burundais et ougandais de l'Amisom, et sous les assauts quasi-quotidiens des insurgés islamistes shebab. Les shebab, qui se réclament d'Al Qaîda, contrôlent la plus grande partie du centre et du sud de la Somalie, un pays ravagé par la guerre civile depuis 1991. Le TFG a annoncé depuis plusieurs semaines son intention de lancer prochainement, avec le soutien de l'Amisom, une offensive majeure à Mogadiscio contre les insurgés islamistes. Au 1er novembre, «environ 2900 militaires étaient considérés comme opérationnels et recensés par les autorités, sans compter un nombre additionnel de combattants», précise le Groupe de contrôle. «Le TFG dispose également du soutien de diverses milices, dont certaines opèrent formellement sous l'autorité de l'armée ou de la police», et estimées fin 2009 «entre 5000 et 10.000 à Mogadiscio», ajoute le Groupe de contrôle. «Dans les faits, la majorité des forces gouvernementales sont irrégulières, avec une base clanique, et se caractérisent surtout par des arrangements personnels au niveau de leur commandement». L'armée comme la police, qui «se chevauchent souvent», «manquent de structure, d'organisation et d'une chaîne de commandement efficace». «La culture de milice, cette mentalité et ce comportement (de groupes armés) restent très développés dans l'armée», déplorent les experts onusiens. «Des membres du gouvernement affirment qu'un plan de sécurité nationale est en cours d'élaboration, mais, au moment où le Groupe de contrôle terminait son travail, un tel plan n'existait pas». Les milices claniques opérant sous la bannière d'Ahlu Sunna wal Jamaa (Aswj) groupe armé soufi et allié au gouvernement dans le centre du pays, «se sont révélées beaucoup plus efficaces que le TFG, infligeant de sérieux revers aux shebab», souligne le rapport. «A ce jour, le TFG n'a jamais pu déployer sur le champ de bataille des unités de la taille d'un régiment ou d'une brigade», constate encore le Groupe de contrôle. «Ces déficiences ont pour conséquence l'incapacité du TFG à prendre et tenir le terrain, et une piètre opinion des Somaliens sur leurs forces de sécurité». «En un an, les forces gouvernementales n'ont obtenu que très peu de résultats et la ligne de front (à Mogadiscio) est toujours à moins de 500 mètres de la présidence», souligne le texte.