Il est un peu «tiré par les cheveux» de justifier une attaque sur l'Irak comme faisant partie de la guerre contre le terrorisme. Le président américain Bush affirme ne pas avoir encore pris de décision concernant l'Irak. De son côté, le département d'Etat s'est efforcé de dissiper les inquiétudes internationales suscitées par le discours de fermeté tenu par le vice-président Dick Cheney, assurant que les propos de ce dernier ne devaient pas être interprétés comme des «bruits de bottes». En Irak, des avions américains et britanniques ont effectué mardi deux raids contre des installations de radars dans les zones d'interdiction aérienne du sud et du nord du pays. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a exhorté, hier, Washington de ne pas attaquer l'Irak, se disant, une nouvelle fois, partisan du dialogue en cours avec le régime de Saddam Hussein sur le retour des inspecteurs en désarmement. Si Washington se décide finalement à attaquer l'Irak, ce sera «la politique de la nation américaine», et une claire distinction doit être faite d'avec la politique de l'ONU, a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse avec le président du Botswana, Festus Mogae. Hier, le chef de la diplomatie allemande, Joschka Fischer, a mis en garde contre les risques d'une guerre «préventive» des Etats-Unis en Irak, qui entraînerait, selon lui, un «nouvel ordre» au Proche-Orient. Une intervention militaire américaine en Irak aurait pour conséquence «un nouvel ordre au Proche-Orient», a poursuivi M.Fischer dans une interview à la radio allemande Deutschlandradio. Le ministre allemand des Affaires étrangères doute que la réflexion ait été «menée jusqu'au bout» à Washington. En Grande-Bretagne, et selon un sondage publié hier dans le quotidien The Guardian, plus de la moitié des électeurs travaillistes interrogés, soit 52%, considèrent que le Premier ministre, Tony Blair, ne devrait pas apporter son soutien à la politique menée par les Etats-Unis en Irak. Lors d'un précédent sondage réalisé en mars, ils étaient 6% de moins. Dans un semblant de contagion des appréhensions, le président iranien, Mohammad Khatami, a vivement mis en garde hier le gouvernement américain contre une intervention militaire en Iran, estimant qu'une telle action nuirait «aux intérêts américains», mais aussi «à la région» et au monde entier. «L'administration américaine est extrémiste et belliciste», a lancé M.Khatami lors d'une conférence de presse. De leur côté, les Irakiens ont réagi aux menaces à peine voilées des Américains, hier, par la voix du ministre des Affaires étrangères. Le chef de la diplomatie irakienne, Naji Sabri, a affirmé que tous les Irakiens combattraient l'armée américaine si celle-ci venait à attaquer l'Irak. Il a cependant ajouté que «personne en Irak ne veut une confrontation avec les Etats-Unis». Mardi, le président égyptien, Hosni Moubarak, pourtant un des principaux alliés de Washington au Proche Orient, a réitéré avec force son opposition à une attaque américaine contre l'Irak. «Je ne pense pas qu'il y ait un Etat arabe qui veuille une attaque contre l'Irak, ni le Koweït, ni l'Arabie Saoudite, ni aucun autre pays arabe ne souhaitent cela», a-t-il affirmé dans un discours devant des étudiants, à Alexandrie. L'autre grand allié des Etats-Unis au Proche-Orient, l'Arabie Saoudite, «a clairement dit qu'elle ne permettra pas l'utilisation de ses bases pour attaquer l'Irak». Les Américains, eux, tentent de renverser la vapeur. Hier, le président Bush a tenté, en rencontrant l'ambassadeur d'Arabie Saoudite à Washington, le prince Bandar ben Sultan, de surmonter l'hostilité de Riyad face à une éventuelle action militaire contre l'Irak, assurant qu'elle serait précédée de consultations des alliés des Etats-Unis. Au même moment, le secrétaire d'Etat adjoint américain, Richard Armitage, a rencontré à Tokyo des responsables officiels japonais pour tenter d'obtenir le soutien du Japon en cas d'action militaire en Irak, tandis que la presse nippone émettait de sérieuses réserves à ce sujet. «Au cas où les Etats-Unis attaqueraient l'Irak, vous feriez bien de leur dire franchement à quel moment vous pensez devoir dire ‘‘stop''», a déclaré l'ancien Premier ministre, Yasuhiro Nakasone, au Premier ministre, Junichiro Koizumi, à l'occasion d'une rencontre le 8 août, selon le Yomiuri Shimbun, le quotidien japonais au tirage le plus élevé.