Ces deux personnalités aux idées diamétralement opposées s'affrontent sur la question de la peine de mort et celle du Code de la famille. D'un côté, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, de l'autre, le président du Haut conseil islamique (HCI), Cheikh Bouamrane. Ces deux personnalités aux idées diamétralement opposées s'affrontent sur la question de la peine de mort et celle du Code de la famille. Hier, Louisa Hanoune a réitéré son appel à l'abrogation de la peine de mort. «Il y a ceux qui veulent faire sciemment l'amalgame entre l'Islam et la condamnation capitale», a indiqué Mme Hanoune qui s'exprimait hier, à Alger, en marge du rassemblement de l'Organisation des jeunes pour la révolution (OJR) de son parti, renouvelle par la même occasion, son inscription contre l'abrogation du Code de la famille. La responsable du PT a ainsi déploré les réactions, notamment celles de Cheikh Bouamrane, générées par sa prise de position par rapport à ces deux questions. «On m'avait traité d'apostasie, alors que la peine de mort n'a absolument rien à voir avec la charia et encore moins avec les musulmans. Pour preuve, certains Etats aux USA appliquent la peine de mort et pourtant ils ne sont pas de confession musulmane que je sache!», a appuyé encore Mme Hanoune. Le HCI a accusé, la semaine dernière «d'islamophobie» la secrétaire générale du Parti des travailleurs suite à ses déclarations au sujet de la peine de mort et du Code de la famille. Tout en admettant que Mme Hanoune «est libre de croire en ce qu'elle veut», le président du HCI, Cheikh Bouamrane, a cependant précisé, dans un communiqué, qu'«elle n'a pas le droit de s'attaquer en ennemi à l'Islam». Le HCI note que Louisa Hanoune est ignorante en matière de religion. Son opposition à la peine capitale serait un argument suffisant pour M.Bouamrane, de relever que Louisa Hanoune «se permet des positions anarchiques rappelant qu'elle avait déjà eu des attitudes contre l'Islam (...)» allant jusqu'à l'appeler à la rédemption (ettawba). A cette institution religieuse dépendant de la présidence de la République, la responsable du PT répond que «le président de la République s'est prononcé pour la suppression de la peine de mort en 2003». Faut-il pour autant soutenir les mêmes propos contre le premier magistrat du pays? Ainsi, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs aurait déclaré récemment, d'après elle, que «la condamnation à mort n'est jamais citée dans le Saint Coran» de même, poursuit- elle, le ministre de la Justice, Tayeb Belaïz, «aurait indiqué qu'il faut plutôt chercher d'autres moyens que la peine de mort pour lutter contre le crime». Mais le HCI ne l'entend pas de cette oreille puisqu'il est foncièrement opposé à l'abolition de la peine de mort. «La peine de mort, qui suscite un débat mondial, est irréversible et sacrifie bien des innocentes victimes d'erreurs judiciaires ou d'impartialité de la justice», a rétorqué Mme Hanoune. Sur la même lancée, elle souligne que «la condamnation à mort est indigne d'une République démocratique (...)». Dans ce sens, le communiqué du Haut conseil islamique, qui ressemble à une fatwa, n'a pas été tendre avec la secrétaire générale du PT. «Elle prétend que l'ère de l'application de la charia est révolue», a-t-il soutenu, interprétant cela comme une atteinte à l'Islam. Appuyant son engagement Mme Hanoune a fait savoir qu'elle fera partie de la commission de soutien international contre l'exécution du journaliste noir américain actuellement dans le couloir de la mort. Il est à signaler que quelques partis politiques, à l'instar du Parti des travailleurs, du président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, Farouk Ksentini, et du RND, ont tous appuyé l'abrogation de la peine de mort. Décidément, la peine de mort est devenue un enjeu entre le courant islamiste et le reste de la société.