Allergies et révolutions cohabitent pendant toute une saison. Lorsque les populations éternuent, c'est toute la société qui est en mouvement. Le printemps pointe son nez à partir d'aujourd'hui. C'est loin d'être une simple affaire de calendrier. La saison est connue pour être allergène. Mais pas seulement. C'est aussi une période propice à toutes sortes de révoltes. Même si en Algérie on n'a pas attendu les faveurs du ciel pour sortir dans la rue. La tradition est longue. Mais on a le droit de se contenter de rappeler le début des années 1980 pour vérifier que le printemps des révoltes a pris son ancrage définitif. Depuis, tout le monde ou presque a eu sa part de printemps. Au point de devenir un symbole de contestation et de revendication de toutes sortes. Le printemps berbère est le plus significatif à cet égard. En 30 ans, beaucoup d'autres luttes ont été menées. Ailleurs, dans le reste du monde, et plus près de nous, à savoir en Europe, le scénario n'est pas trop différent. Monde communiste et monde capitaliste ont connu des ébranlements conséquents. Le seul printemps de Prague évoque un épisode de refus de domination des régimes politiques. Pour rejeter les régimes économiques, il fallait attendre 1968 pour que des pays comme la France et l'Allemagne voient leur jeunesse, puis leurs travailleurs, rêver d'une nouvelle Commune de Paris. Partout, les populations ont eu droit à des désenchantements. Quelquefois temporaires. Mais tout de même. Tout aussi coutumières furent les douches auxquelles ont eu droit les manifestants. Les camions-citernes des policiers sont les engins les plus déployés dans ce genre d'événements. Quelquefois, les Etats n'hésitent pas à sortir le fusil. Sans les fleurs. Les révolutions des oeillets ne sont pas légion. C'est ainsi que furent nommés les événements d'avril 1974 qui ont entraîné la chute de la dictature salazariste qui dominait le Portugal depuis 1933. Les manifestations de Tian'anmen ont eu lieu entre le 15 avril et le 4 juin 1989 sur la place principale à Pékin, la capitale de la République populaire de Chine. Mars, avril, mai ne doivent pas être forcément des époques qui évoquent de bons souvenirs. Aussi bien pour les victimes de répression que pour leurs auteurs qui portent à jamais la responsabilité de centaines de morts. Après des printemps florissants, ce ne sont pas les printemps noirs qui manquent. En 1980, la revendication berbère sortait au grand jour pour que des dizaines de citoyens tombent, victimes de la répression, plusieurs années plus tard des printemps noirs. La saison a une connotation si politique que certaines nations inventent les leurs même en automne. La Pologne et la Hongrie de 1956 ont connu le printemps en octobre. Pour prétendre à la liberté, il est toujours demandé des sacrifices aux populations. En particulier aux plus jeunes d'entre elles. Mais il y a quelques consolations pour sortir des périodes ensanglantées. C'est une saison propice aux bonnes résolutions et aux fleurs. Mais là aussi, il n'est pas inutile d'attendre longtemps pour se rappeler que pour certains, d'autres gênes ne tardent pas à se manifester. Quelque 3 millions d'Algériens souffrent, en effet, de rhinite allergique et un million d'autres d'asthme bronchique. Ce qui n'est pas fait pour s'arranger lors des mois qui s'annoncent. Avec l'espoir que les désagréments puissent arrêter là.