L'Unique, du Bd des Martyrs, est déchirée entre le devoir du service public et la réalité du marché. Le lancement des 3 chaînes privées algériennes, de droit français, constitue un nouveau tournant dans le paysage médiatique du pays. KhalifaTV, BeurTV, BerbèreTV, et bientôt la chaîne du milliardaire Mehri. Du jour au lendemain, l'image de l'Algérie sera présentée sous différents angles. Ce paysage aura pas moins de 30.000 heures par année de programme que doivent couvrir les quatre chaînes algériennes. Cela étant, l'appel aux boîtes de production privées algériennes surtout s'avère plus que nécessaire. Il est pratiquement impossible pour chaque chaîne de couvrir ses 7500 heures à elle seule. Les spécialistes s'interrogent d'ores et déjà sur les capacités techniques et humaines des 80 boîtes de production audiovisuelle de couvrir la demande potentielle de nos chaînes tenues de fournir des produits de qualité pour faire face à la concurrence européenne. La partie n'est pas encore gagnée par les producteurs privés locaux. Le seul gagnant ce seront les téléspectateurs maghrébins. Ils représentent 60 millions sur la rive sud et pas moins de 10 autres sur le Vieux Continent. 2003 promet une décantation dans le monde audiovisuel algérien. L'expérience de ces boîtes privées avec la télévision publique algérienne a montré ses limites techniques et commerciales. C'est du moins l'avis des milliers de téléspectateurs qui n'ont pas ressenti une amélioration dans les programmes coproduits par l'Entv et les quelques boîtes privilégiées. Des membres de l'association des patrons d'entreprise de l'audiovisuel ont leur mot à dire sur les causes de la médiocrité des produits. Ils l'imputent tout simplement, aux pratiques malsaines de certains intervenants du marché sous le monopole de l'Unique. Cela a été sévèrement soulevé et vite étouffé à l'occasion da la rencontre de la Copeam. Les prémices d'une guerre algéro-algérienne de l'image se précisent (voir l'article de Salim Aggar). Une guerre, mais avec quels moyens. La plupart des producteurs sont en retard d'une génération sur le plan matériel et technique. Certains ne sont pas prêts à une telle ouverture presque subite. Du côté de l'orpheline du boulevard des Martyrs, c'est pratiquement l'heure de vérité. L'Entv peut-elle réaliser des progrès plus rapidement de ce qu'elle a pu faire en 40 ans? Souffrant d'une charge salariale impressionnante, renfermée sur elle-même, ses responsables sont déchirés entre le devoir du service public et la réalité du terrain caractérisée par une concurrence déferlante. Les Algériens seront, à coup sûr, submergés d'images. Face à cette demande, les nouvelles chaînes doivent prouver, l'Unique doit s'adapter et les boîtes de production audiovisuelle doivent se mettre à jour, estiment les spécialistes. Car la télé en Algérie est devenue un média trop lourd pour qu'il soit porté par un ou deux intervenants seulement. Sur ce plan, les 80 boîtes de production audiovisuelle privées en Algérie seront confrontées à une bataille sur deux fronts: l'un interne et l'autre et non moins périlleux est celui externe. Les chaînes rivales de l'Entv de droit français seront dans l'obligation de travailler uniquement avec les producteurs privés européens si les nôtres ne s'adaptent pas.