«Nous devons tous oeuvrer pour changer cette situation.» Rien ne va plus au Syndicat national des personnels de l'administration publique (Snapap). Le conflit qui oppose son secrétaire général M.Malaoui, à M.Boumkhila, semble sérieusement menacer le devenir de ce syndicat autonome qui compte près de 400.000 adhérents. Hier, la salle de conférences de la Maison de la presse Tahar-Djaout a servi de champ de bataille entre les frères ennemis, auquel a cordialement été invitée la presse. En effet, et pour répondre à la dernière intervention publique de M.Malaoui dans laquelle il a formellement démenti sa mise en quarantaine par le conseil national dudit syndicat et l'élection de M.Boumkhila à ce poste, ce dernier a, pour sa part, rassemblé la presse pour affirmer le contraire: «J'ai été élu par le conseil national exécutif le 28 août, auquel ont pris part les représentants de 21 wilayas sur les 38 que couvre le syndicat», a réitéré l'orateur. Lequel a tenu à informer le ministère du Travail et de la Sécurité sociale «de cette décision». M.Boumkhila n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur «ces adversaires». Il a accusé dans ce sens M.Malaoui d'engluer dans une sorte de lobbying au profit de deux partis politiques de l'opposition, qu'il a d'ailleurs cités. Il s'agit selon ses dires du FFS et du RCD. Le conférencier a stigmatisé aussi «le travail de la presse qui jette de l'huile sur le feu, à travers ses écrits alarmistes». L'orateur s'est prononcé contre la bipartite et s'est interrogé sur les raisons qui poussent le gouvernement à marginaliser le Snapap. Au cours de cette conférence mouvementée, M.Boumkhila a estimé que la loi 93-54 sur la Fonction publique qui va être discutée à l'APN, n'apporte rien de nouveau pour les travailleurs. Selon ses déclarations, le gouvernement n'a fait que copier l'avant-projet de loi élaboré à l'époque de Belaïd Abdesslam. Dans cette rencontre, l'on a aussi parlé de politique. «Les partis accusent l'administration de participer à la fraude au lendemain de chaque rendez-vous électoral» et «nous devons tous oeuvrer pour changer cette situation.» La conférence a été interrompue, après l'arrivée d'un groupe de syndicalistes proches de M.Malaoui. Ces derniers ont accusé le conférencier de tous les maux. «Vous ne représentez que vous-même», lui ont-ils fait comprendre, en estimant que seul M.Malaoui est habilité à parler au nom du Snapap. Notons que M.Boumkhila a été le premier secrétaire général du Snapap, créé au début des années 90. Il a été évincé, dit-on, par le clan de M. Malaoui. Selon les observateurs, ce conflit qui déchire le syndicat autonome, ne pourra qu'affaiblir sa capacité de mobilisation des travailleurs, à la veille d'une rentrée sociale annoncée comme des plus houleuses. Ce désaccord interne joue en faveur de la Centrale syndicale de Sidi Saïd, à laquelle on reproche de cautionner les politiques économiques du gouvernement au détriment des intérêts des travailleurs.