Les prix de ces deux produits indispensables à la confection d'un des plats les plus populaires, oscillent autour des 100 DA le kilogramme. La pomme de terre qui a décidé d'observer une halte qui pourrait s'avérer bien éphémère, semblait vouloir donner quelque répit au consommateur après la spectaculaire dégringolade de ses prix. La joie sera de courte durée. La fête sera gâchée. La tomate et l'oignon en ont décidé autrement. Ces deux variétés de légumes incontournables de la cuisine algérienne en particulier et méditerranéenne en général, ont singulièrement augmenté. Sur certains marchés pourtant réputés comme étant les plus abordables, ils ont atteint les 120 DA. Un rude coup pour le couffin de la ménagère qui réduit son pouvoir d'achat déjà sérieusement malmené par une flambée des prix des produits de consommation de base, tous azimuts. En effet, après avoir vu le prix de la sardine atteindre des sommets, jusqu'à 350 DA dans certaines villes côtières, la flambée des prix a atteint tour à tour tous les produits de consommation, le citron, les viandes blanche et rouge.... Le cas de la sardine demeure cependant bien symptomatique de cette espèce de malédiction qui frappe sévèrement le porte-monnaie des consommateurs algériens. Saignés à blanc et à longueur d'année. Considérée comme le poisson du pauvre, la sardine avait la particularité d'être non seulement à la portée de toutes les bourses mais aussi d'être très prisée. Les arguments avancés par les poissonniers pour expliquer les prix rédhibitoires atteints par ce type de poisson sont loin d'être convaincants. Insuffisance des moyens de pêche, production faible...sans citer nommément ce qui gangrène l'économie algérienne: la spéculation. A leur corps défendant, les Algériens ont découvert toute une série de néologismes pour expliquer les raisons de cette hausse des prix qui dépasse tout entendement. Libéralisation des prix, économie de marché, régulation, intermédiaires...des justificatifs cités pêle-mêle, qui en disent plutôt long sur le manque de maîtrise des circuits de distribution qui caractérisent toute société de consommation. Ce qui a eu pour conséquence de pointer du doigt une gestion chaotique de ce secteur sensible de l'économie nationale. La flambée des prix des produits de consommation, notamment des viandes et des fruits et légumes, est devenue un éternel recommencement. Elle atteint des limites insupportables à l'approche du mois sacré du Ramadhan, qui frisent et côtoient l'indécence. Aucune mise en garde n'a réussi à mettre fin à ce fléau qui grignote quotidiennement le pouvoir d'achat des Algériens. Aucune promesse n'est venue à bout de ceux qui tirent les ficelles de ce juteux créneau. En l'absence d'une politique efficace pour juguler cette vertigineuse hausse des prix, on a assisté à des joutes oratoires qui en disent long sur l'inefficacité de certains membres du gouvernement à assumer leurs responsabilités. «Si les gens monopolisent le marché, il existe normalement une institution qui devrait prendre en charge cette situation. Je n'ai pas pour vocation de contrôler le marché...», avait déclaré Saïd Barkat lorsqu'il était à la tête du département de l'agriculture. Une pique qui visait son collègue du commerce, El Hachemi Djaâboub. Le président de la République ne s'est pas embarrassé des humeurs des uns et des autres. Il a tenu à remettre les pendules à l'heure. «J'entends qu'aucune règle de liberté du commerce ne soit invoquée à l'avenir pour justifier la limitation des capacités de l'Etat à imposer des pratiques commerciales loyales et à réprimer les spéculations qui nuisent aux citoyens. Les moyens requis seront mis à la disposition des services de contrôle commercial, mais ces derniers devront assumer leurs responsabilités entières et reprendre la situation en main», avait averti, il y a, moins d'une année, Abdelaziz Bouteflika. L'heure des bilans a peut-être sonné en attendant celle des spéculateurs.