Le politologue Ahmed Adhimi affirme que la France se trouve dans une position «inconfortable» «en se précipitant à classer l'Algérie dans sa liste noire». La France est prise au piège de ses décisions. En voulant copier sur la première puissance mondiale les USA, le président français Nicolas Sarkozy a mis son administration et son pays dans une situation pas du tout confortable. Sans se concerter avec l'Algérie, son partenaire traditionnel, ou l'avertir, la France a décidé de la rajouter dans sa liste noire, faisant d'elle un pays à haut risque? Cela est intervenu à quelques semaines de la décision américaine. Ce ralliement français à la thèse américaine, a apporté un peu plus de froid dans les relations bilatérales. Aujourd'hui, le président français se trouve isolé, du fait du recul de la position américaine. Mais surtout du refus de ses partenaires à l'UE du bien-fondé de sa décision de classer l'Algérie sur une liste noire. Nicolas Sarkozy qui a mené une véritable campagne pour pousser l'Europe à appliquer des mesures restrictives au niveau de ses aéroports à l'égard des citoyens algériens, n'a pas trouvé les arguments qu'il faut. Son Excellence l'ambassadeur du Royaume d'Espagne en Algérie, M.Gabriel Busquets, avait affirmé dans l'une de ses sorties médiatiques qu'il était extrêmement difficile de prévoir quelle sera la position de l'Europe. L'Espagne qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, souhaite donc «une position commune de l'UE». Or, tout le monde sait que Paris a agi d'une manière unilatérale. L'Algérie, si l'on se réfère à la déclaration du ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, a appris cette mesure par voie de presse. L'Espagne avait insisté sur le fait que chaque position «doit respecter les principes des droits de l'homme et les règles internationales». De son côté, Londres a mis Washington et Paris hors-jeu. Un haut responsable du Foreign Office, a révélé au mois de février, que l'Algérie n'est pas une source de terrorisme et rien ne justifie son inscription sur la liste noire de pays à risque. Cette semaine, les USA décident de faire marche arrière. Au terme de consultations avec des représentants de divers gouvernements et des compagnies aériennes, ainsi que de membres des services américains de police et de renseignement, le gouvernement Obama a annoncé de nouvelles mesures de sécurité. Celles-ci annulent de fait les mesures d'urgence qui exigeaient l'inspection renforcée de passagers en partance de certains pays. Dans un communiqué diffusé le 2 avril, le ministère de la Sécurité intérieure souligne que les nouvelles mesures apportent une souplesse et une efficacité accrues au contrôle des passagers puisqu'elles sont conçues de manière à «refléter les toutes dernières informations disponibles» aux autorités américaines pour assurer la sécurité des voyageurs. Cette modification élimine l'attention particulière à laquelle il avait été décidé de soumettre les ressortissants de 14 pays au lendemain de l'attentat manqué à la bombe dont avait fait l'objet un avion à destination des Etats-Unis le 25 décembre 2009. Le politologue Ahmed Adhimi, affirme que la France se trouve dans une position «inconfortable» «en se précipitant à classer l'Algérie dans sa liste noire, la France a agi sans réfléchir aux conséquences» précise-t-il dans une intervention hier à la Radio nationale. «Sarkozy a deux choix. Il est appelé soit à annuler la liste, soit la maintenir; dans les deux cas sa position est sérieusement fragilisée par la démarche américaine. J'imagine, poursuit-il, qu'il optera, du moins pour l'avenir proche, à garder la même situation. Le deuxième choix confirmera le ralliement parfois "aveugle" de la politique extérieure française aux choix américains depuis l'élection de Sarkozy.»