Son nom est un ensemble de deux noubas andalouses connues, sika et meya. Cela fait beau, chic et branché. « C'est mon nom de scène que j'ai choisi, il y a une dizaine d'années parce qu'à la base, je viens d'une école arabo-andalouse », explique Akim El Sikameya, de passage à Alger, fin ramadhan. Hakim a appris les rudiments de la grande musique à Nassim El Andalous d'Oran, un ensemble fidèle à l'école de Tlemcen. Forcé d'aller en France en 1994, en raison d'une situation sécuritaire intenable, Akim a continué ses études pour obtenir un master en marketing après un ingéniorat en électronique. Mais « la tentation » de la musique était plus forte. A Marseille, il fait la rencontre d'un manager et des musiciens oranais. Il décide de créer un trio, Meya, pour redonner vie à un groupe créé, dix ans auparavant à Oran. « Je voulais faire quelque chose de plus actuel. Je faisais du raï aussi ainsi que de la chanson marocaine. C'est un mélange. En 1999, j'ai fait un premier album, un premier jet pour moi au titre de Atefa », dit-il. Akim El Sikameya fait dans l'Arabic lounge, un pot varié de sonorités andalouses, de parfum espagnol, de clin d'oeil à la tradition musicale tangéroise et aux mélodies tziganes ainsi qu'aux roots du raï et du jazz. Akim El Sikameya aime jouer au violon debout, chanter, écrire et composer des chansons. Artiste complet ! « Je joue au violon debout aux fin de libérer mon corps pour mieux chanter », dit-il. Ni électrique, ni acoustique ni traditionnel ni moderne, Akim El Sikameya se revendique d'un genre particulier. « Je n'ai pas rompu avec l'école andalouse. On a toujours besoin de conservateurs, de la source pour s'inspirer. je travaille toujours en profondeur. D'abord le texte et l'harmonie avant de chercher l'habillage, je ne fais pas l'inverse », explique-t-il. Avec son troisième album, Un chouiya d'amour, qui vient de sortir dans une quarantaine de pays mais pas en Algérie, l'artiste s'affirme et s'impose dans un genre qui plaît. « Akim El Sikameya, venu d'Oran à Paris il y a une dizaine d'années, fait revivre la chanson algérienne qui se chantait dans les cabarets et dans la bonne humeur, pied-de-nez à certains rabats-joie qui voudraient faire taire nos bardes d'Orient, sous couvert de morale », s'amuse le site culturel Babel Med. « Chouia l'mon coeur, chouia l'Bon Dieu » chante Akim El Sikameya, comme pour souligner qu'il y a du temps pour tout. Dans son avant dernier album, Aini Amel, il fait sensation avec He Mama (remixée par Andrew Kremer pour Groove central), Ana n'habek, moi je t'aime et Le vieux cinéma. Akim El Sikameya adore le genre musical du juif marocain Salim El Hillali, celui qui a modernisé l'héritage andalou. Salim El Hillali est célèbre par la chanson Ellela y lali. Selon Akim El Sikameya, la chanson arabo-andalouse a été portée pendant longtemps par des juifs tels Lili Boniche, Reinette Daoud (l'oranaise), Salim El Maghrébi et d'autres. Akim El Sikameya regrette de ne pas se produire en Algérie. « Nul n'est prophète dans son pays. Je suis en train de faire des démarches pour organiser un concert à Alger. Beaucoup d'artistes passent par Alger avant de passer ailleurs », confie-t-il. Il garde un fabuleux souvenir de son passage dans les territoires palestiniens. « Merveilleux ! Je n'ai jamais été aussi bien accueilli. à El Quods. Lors de mon concert, la salle était archi-comble. Ils ont adoré ce style musical. Cela dit, les palestiniens connaissent bien le raï. Je voulais faire un geste de solidarité avec un peuple debout », dit-il. Il promet de revenir en 2010 pour trois autres concerts en territoires palestiniens. Site internet de l'artiste : www.akimelsikameya.com