Akim El Sikameya. Si vous n'avez jamais entendu parler de lui, c'est qu'il n'est jamais passé dans nos salles ni dans nos radios, ni dans nos télés. Mais aujourd'hui, il sera en chair et en os et pour la première fois à la salle El Mouggar pour un concert unique à partir de 19h30. L'initiative de ce spectacle vient de l'Office national de la culture et de l'information (ONCI). Mais qui est Akim El Sikamiya dont le nom porte en lui quelques le nom de nouba ? Que va-t-il chanter ? Qu'a-t-il chanté auparavant ? D'abord, il faut dire que Akim El Sikamiya s'est fait tout seul. La preuve c'est qu'au départ lorsqu'il était môme de 08 ans et jusqu'à l'âge adulte, il n'a affectionné que la musique arabo-andalouse, avec ses noubas strictes et bien guindées. Le jeune oranais, apprenait le violon et le chant dans la célèbre école d'arabo-andalou Nassim El Andalous. A peine 12 ans d'âge, il sillonnera l'Algérie avec l'orchestre de son collège, et il finance ses études en jouant toute la nuit pour les mariages et les fêtes oranaises. Certes son école lui donnera les bases d'une musique séculaire, mais lui il ira volontairement plus loin en puisant dans les autres répertoires comme le raï, la chanson franco-arabe, en passant par la chanson populaire marocaine. Tout sera tranquille jusqu'au jour où sa mère tombe gravement malade au moment même où l'Algérie vivait l'une de ses pages les plus douloureuses. Pour survivre, Akim se réfugie de plus en plus dans la musique, et fonde avec ses amis, en pleine tourmente, le groupe El Meya. Pour ce groupe, il transforme pour la première fois des noubas en chansons, ajoutant une guitare flamenca et un piano à une musique qui ignorait ces instruments. Quelques temps après, il quitte l'Algérie avec deux de ses amis du groupe, pour Marseille en 1994. Là, il découvre l'amour, la liberté, et devient la coqueluche du milieu artistique et intellectuel phocéen. Très vite repéré pour sa voix rare de contre-ut, sa façon unique de jouer du violon (debout, l'instrument appuyé sur sa cuisse) et son charisme tout méditerranéen, il signe rapidement chez un label indépendant, qui sort son premier album (Atifa-Oumi) en 1999. Ces nouveaux succès n'atténuent pourtant pas la blessure d'une enfance perdue, comme en atteste l'une de ses premières balades, "Oumi" (qui signifie à la fois " terre " et " mère " en arabe), dédiée au pays et à la maman. Philippe Eidel, le réalisateur du dernier album, affirme que Akim essaie de développer quelque chose qui est une démarche d'auteur, compositeur, et interprète. En effet, fort d'une tournée prometteuse, au cours de laquelle il enchaîne les premières parties prestigieuses (Alain Souchon, Julien Clerc, Noa, Cesaria Evora, Khaled…), Akim décide de partir à Paris monter son propre label : en 2005 il sort un 2e album, Aïni-Amel, entièrement écrit et composé par lui. Quittant ainsi les mélodies traditionnelles de ses débuts, il continue à creuser le sillon de la musique arabo-andalouse, tout en l'ouvrant à des styles plus actuels, comme les sons jazz, celtique, bossa…Le second album tout à la fois andalou et urbain, joyeux et bouleversant, ouvert et cohérent, apparaît comme le reflet des paradoxes assumés d'un artiste complet, capable de composer de superbes mélodies et de les interpréter sur scène avec une fougue remarquable. Thomas Brooman, directeur du festival international WOMAD (créé par Peter Gabriel) ne s'y trompe pas, qui fait d'Akim El Sikameya son coup de cœur 2004 : Un artiste libre Comme pour répondre à Thomas Brooman, qui lui conseillait de laisser transparaître encore plus son énergie scénique sur un album, Akim a choisi d'enregistrer son nouvel opus dans les conditions du live, sous la houlette d'un magicien du son : Philippe Eidel, réalisateur entre autres des plus gros succès de Khaled. " Un Chouia d'amour ", son album le plus personnel à ce jour, apporte un vent nouveau à la musique algérienne en général et à l'oeuvre d'Akim en particulier. De fait, " Un Chouia d'amour " apparaît comme l'album de la maturité, dans lequel Akim affronte ses cauchemars avec les meilleures armes dont un artiste dispose : une plume affûtée pour une voix libérée. Les textes de l'album traitent de thèmes intemporels.Du coup, on voit bien que le répertoire de l'artiste ne sera plus ce qu'il était à ses débuts mais s'est bien développé en favorisant l'initiative et la création personnelle.