Parmi ces cadavres, il y a huit nouveau-nés abandonnés par leurs mères et sept autres de femmes sans domicile fixe. L'abandon des cadavres dans les hôpitaux prend des allures phénoménales ces derniers jours à Oran. Le service de la conservation des morts (morgue) du CHU d'Oran connaît un encombrement sans précédent. 15 cadavres, non encore identifiés, sont en attente de permis d'inhumation. Les décisions doivent émaner du parquet d'Oran après présentation, par les services de la médecine légale, d'une demande d'inhumation contenant un dossier où sont détaillées les circonstances de la mort et la durée de l'abandon du cadavre. Selon des sources proches du service, les corps ont été recueillis, un peu partout dans la ville. Au total, ce sont huit nouveau-nés qui ont été abandonnés par leurs mères biologiques à leur naissance. Le reste est constitué d'hommes et de femmes de différents âges, en particulier des sans-domicile-fixe. Là est toute la problématique. Le phénomène est devenu récurrent. Plusieurs familles optent pour l'abandon des corps de leurs proches poussant les services hospitaliers et ceux de la police judiciaire dans un labyrinthe infernal en quête d'informations sur leur identité. «Nous menons des enquêtes approfondies, mais faute de renseignements, les cadavres traînent, aussi longtemps, dans les tiroirs frigorifiques de l'hôpital en attente de la manifestation de leurs proches», a indiqué un officier de police. «L'abandon des cadavres nous pose un sérieux problème, faute de l'inadéquation des textes avec la conjoncture actuelle», se plaint, pour sa part, un médecin légiste. La majorité des corps abandonnés sont originaires des wilayas limitrophes et même de l'Est et du Centre «Il est difficile d'identifier les corps transférés vers nos services par le Samu et les ambulances de la Protection civile alors que les cadavres ne sont accompagnés par aucune information sur leur origine», explique-t-on. Outre les raisons précitées, les contraintes et les difficultés sociales sont autant d'explications qui motivent l'abandon des cadavres. Plusieurs familles laissent le soin de l'enterrement de leurs proches, décédés ailleurs, à la charge de l'Etat. Sur un autre plan, les agressions sexuelles contre les enfants en bas âge sont en augmentation. Les responsables des services de la médecine légale tirent la sonnette d'alarme. Les bilans sont très révélateurs de l'étendue du phénomène. En effet, près d'une cinquantaine d'enfants, dont l'âge ne dépasse pas les 15 ans, ont été victimes d'agressions sexuelles durant les trois premiers mois de l'année en cours. Par ailleurs, près d'une centaine d'affaires ont été portées devant les tribunaux. Des toxicomanes, adultes et mêmes des vieux ont été cités dans ces affaires de moeurs qui ne sont pas près de s'estomper de sitôt. Le tribunal criminel d'Oran traite en moyenne, deux affaires par jour. Malgré les condamnations sévères qui sont prononcées, le phénomène est loin de prendre fin.