Un budget qui dépasse pour la première fois celui de la Défense nationale. Une première dans l'histoire du pays, le secteur de l'Education nationale bénéficie, dans le cadre de l'avant-projet de loi de finances 2003, d'un budget de fonctionnement de plus de 171,105 milliards de DA, dépassant pour la première fois celui de la Défense nationale avec 170,700 milliards de DA. Les chiffres ont été communiqués, jeudi, par la porte-parole du gouvernement, ministre de la Communication et de la Culture Mme Khalida Toumi. L'oratrice ajoute que les crédits cumulés proposés aux secteurs respectifs de l'Education nationale, de l'Enseignement et de la Recherche scientifique atteignent les 235 milliards de DA. Cette enveloppe colossale contribuera à «satisfaire tout ce qu'a demandé le secteur de l'Education, afin d'améliorer les conditions de travail et de vie des enseignants», garantit Mme Khalida Toumi. Le message est adressé en premier lieu aux enseignants du secteur. Il contribuera assurément à apaiser les esprits garantissant par la même occasion une rentrée sociale plutôt «normale» après le spectre de grève qui s'est profilé à l'horizon tout au long de l'été. Les tutelles se pencheront sérieusement sur d'autres «dossiers chauds» avec cette fois des engagements palpables à l'appui, ce qui ne pourra que conforter la position du gouvernement à la table des négociations. Parmi les premières actions à prévenir, arrive l'intégration de plus de 23.000 enseignants contractuels que compte le secteur de l'Education nationale, et des milliers de vacataires de l'Enseignement supérieur. Une revendication qui constitue la pierre d'achoppement de la lutte syndicale des deux secteurs, sans oublier, bien sûr, l'augmentation des salaires et le logement. Par ailleurs, cet intérêt spécial accordé à l'Education nationale, à travers l'avant-projet de loi de finances 2003 constitue un message politique aux détracteurs de la réforme de l'école, qui rejettent dans la forme et dans le fond le rapport de la commission Benzaghou, qualifié «de laïque». Ces derniers ont même mené une campagne tambour battant durant tout l'été pour «dénoncer les réformes de l'école» qui menaceraient, selon eux, «l'unité nationale». Ils ont même crié victoire après la décision prise par le ministère de l'Education nationale de «reporter» les réformes pour l'année 2003/2004 La porte-parole du gouvernement a d'ailleurs soulevé la question dans son point de presse en insistant sur le fait que «la réforme se fera de manière minutieuse, méthodique et scientifique». Il n'est plus question donc de recommencer les erreurs commises avec l'école fondamentale. L'actuelle réforme débutera par «l'encadrement juridique et institutionnel», précise la conférencière, qui rassure par la même occasion, que «rien ne se fera pas sans les enseignants». A ce sujet un intérêt spécial sera accordé à la formation des enseignants, l'informatisation et l'équipement des milieux scolaires dans le cadre de ces réformes. Le pouvoir semble enfin prendre conscience du rôle de l'école dans la société. Un détail longtemps sous- estimé, marginalisé même. Ce désengagement de l'Etat a profité aux prêcheurs de la haine, et des discours intégristes deux décennies durant. Les résultats sont connus. Le général de corps d'armée, le chef de l'état-major de l'ALN, Mohamed Lamari, avait déclaré, le 2 juillet dernier, que «l'armée nationale a gagné la guerre contre les terroristes, mais l'intégrisme menace toujours la société algérienne». L'école réformée pourra-t-elle gagner cette bataille?