500 plaintes pour fausses déclarations ont été déposées contre des demandeurs «Ce n'est pas une conférence de presse!», a tenu à avertir d'emblée les journalistes présents, hier, au siège de l'agence, le DG de l'Aadl, M.Lazhar Bounafaâ. En effet, c'est à une démonstration du logiciel qui a servi à opérer les affectations des 11.0000 logements prévus à Alger au titre du programme 2001, appuyée par une projection (Datashop) qu'a été conviée la presse nationale au 5e jour de l'opération «affectation des sites». Pourquoi avoir pris comme exemple la wilaya d'Alger? Tout simplement parce que celle-ci représente 50% de la demande nationale. Sur un total de 240 190 demandes déposées au 29 août 2002 dans les 24 wilayas concernées, 121.251 l'ont été à la seule wilaya d'Alger. A ce titre, quelque 1100 personnes sont reçues pour une raison ou une autre (15 cas de figure sont recensés) quotidiennement aux guichets du siège de l'Agence. Un nombre impressionnant. Tout au long de l'exposé, nous apprenons qu'il a été tenu compte de plusieurs critères tel celui de la résidence actuelle des demandeurs et de leur lieu de travail, mais aussi et surtout de leurs choix des sites formulés sur le questionnaire qu'ils avaient rempli auparavant. Autant d'informations qui ont été introduites dans le computer, et le logiciel a fait le reste. Résultat: 82% des voeux ont été satisfaits dans l'ordre décroissant des choix exprimés. Il n'en reste pas moins que parmi les 11 sites répartis sur la wilaya d'Alger, celui de La Concorde (Bir Mourad Raïs) a attiré un nombre considérable de bénéficiaires. Plus de 5000 demandes pour 218 logements disponibles. Seul le traitement par logiciel pouvait permettre de surmonter le plus équitablement possible une telle disproportion. Comme première explication à une telle affluence la plus-value possible sur la valeur marchande qui prévaut sur le site est avancée. Ce qui, pour le premier responsable de l'Aadl, «est à écarter fermement. Nous prenons toutes les dispositions nécessaires pour que la location-vente n'emprunte pas les travers de distribution de logements qui ont eu cours jusque-là dans le pays». Donc aucun business, aucun passe-droit, aucun privilège, aucune hogra n'ont de chance de passer tout au long du processus d'acquisition d'un logement en location-vente. Pour ce faire, il a été fait appel à une informatisation de la quasi-totalité des étapes de la formule. Au cours de son exposé, M.Bounafaâ nous apprend l'existence d'un critère particulier: celui des handicapés qui auront droit à une certaine priorité dans la répartition à l'intérieur des immeubles. Ce sont 612 handicapés dont un couple de non-voyants qui vont bénéficier en priorité des 2e et 3e étages pour des raisons évidentes de confort au quotidien. Cela nous projette sur la désignation précise des appartements qu'occuperont les bénéficiaires. Celle-ci se fera lors de la signature de l'acte notarié «pour éviter toute intervention particulière sur les chantiers avant la réception des logements et pour garder la maîtrise d'une équité que nous voulons sans faille», précise le DG de l'Aadl. Il est vrai que l'impatience et les exigences des uns et des autres pourraient amener certains à tenter d'agir par différents moyens (tchipa, influences, etc.) sur les opérateurs de chantiers pour intervenir sur tel ou tel aménagement de «leur» appartement en cours de réalisation. D'ailleurs, tous ces verrous s'expliquent par les pratiques condamnables et pourtant banalisées tant elles sont généralisées et connues de tout un chacun. A ce titre, M.Bounafaâ nous apprend que pas moins de 500 plaintes pour fausses déclarations ont été déposées en justice contre des demandeurs démasqués par les différents fil- tres appliqués à leurs demandes et qui ont révélé des doubles acquisitions, des possessions de terrain à bâtir, des aides de la CNL consenties, etc. «Nous avons les copies des actes de propriété et autres documents qui sont autant de preuves que nous avons versées au dossier de justice.» Cela pour les 500 plaintes. Les enquêtes ne s'arrêtent pourtant pas là. D'autres filtres interviendront incessamment. Ceux de la Cnas et des impôts notamment pour les fausses fiches de paie et les fausses déclarations de revenus. Donc d'autres surprises attendent les fraudeurs même parmi ceux qui auront reçu leur affectation. «Rien n'est réellement acquis avant le 31 décembre», dit en conclusion le DG de l'Aadl. A cette date, les dossiers auront passé tous les filtres.