Avec Puisque mon coeur est mort, Maïssa Bey nous livre un ouvrage d'une brûlante actualité. 14h30 passées de quelques minutes, il était presque impossible de se frayer un chemin dans la librairie du Tiers-monde vers l'écrivaine qui était venue dédicacer son dernier roman édité chez Barzakh, Puisque mon coeur est mort. En effet, de nombreux lecteurs étaient au rendez-vous, en ce samedi après-midi, pour voir leur auteure adulée et dédicacer son livre. «Il est surprenant de constater un tel engouement chez les jeunes», fera remarquer une sexagénaire présente à la séance de vente-dédicace. A vrai dire, Maïssa Bey fait partie de ce genre d'écrivaines qui ont acquis, au fil des années, une grande notoriété, tant en Algérie qu'à l'étranger. Il y a des auteurs qui se vendent bien et même très bien. Maïssa Bey en fait partie, fera remarquer son éditeur, Sofiane Hadjadj, au cours d'une conférence de presse organisée dans le cadre du dernier Salon international du livre d'Alger. La séance de vente-dédicace d'avant-hier le confirme. Avec son nouveau roman, Puisque mon coeur est mort, Maïssa Bey aborde une question qui reste, pour le moins qu'on puisse dire, d'une brûlante actualité...celle de la Réconciliation nationale. Puisque mon coeur est mort, est l'histoire de Aïda, une mère qui a perdu son fils, Nadir, assassiné par des islamistes. «Le personnage principal s'appelle Aïda, une mère qui a perdu son fils. Après cet événement tragique, rien ne pourra plus l'atteindre. Son coeur est mort, elle ne pourra éprouver aucun sentiment. Aïda s'enfermera dans la douleur», expliquera l'auteure de Au commencement était la mer, au cours d'un débat improvisé dans cet espace et animé par Fodil Boumala, ancien animateur à l'Entv. Après la disparition de son fils, la vie de Aïda sera dévastée. «Cette femme n'aura plus aucune raison de vivre. Elle sera complètement détruite, elle ne verra plus le soleil, elle ne verra plus la lumière...elle va se replier dans sa douleur», ajoutera-t-elle. Mais un autre événement se produit et va changer le cours des choses. L'héroïne verra la photo du bourreau qui a tué son fils. «Paradoxalement, c'est la chose qui va l'aider à s'accrocher à la vie. Elle va se fixer un but, celui de se retrouver face à l'assassin de son fils...tout le texte est une quête de cela, mais aussi une quête d'elle- même», dira-t-elle. Le pardon? C'est la principale question autour de laquelle rayonnent d'autres thèmes liés à la vie sociale et politique de l'Algérie. «(le personnage principal) parle de ce pardon qu'on ne lui a pas demandé d'accorder. On ne lui demandera rien, en fait, on lui a juste demandé d'oublier son fils, de se taire comme des milliers d'autres mères en Algérie», affirmera-t-elle. Et de continuer: «Je voulais représenter une mère parce que j'en ai rencontré. La perte d'un enfant est une douleur qu'on ne peut guérir. La chose la plus atroce pour une mère est de seulement penser que son enfant pourrait disparaître. Et quand quelque chose de pareil arrive, on vous dit non, il ne s'est rien passé, il faut oublier».