La fermeté des autorités a laissé dans le désarroi les habitants d'un quartier entier. Près de 350 familles vivent depuis 17 jours dans la rue. Leurs effets personnels sont éparpillés et leurs enfants passent la nuit à la belle étoile, dans des conditions déplorables à plus d'un titre. L'un des habitants vient de décéder des suites d'un malaise cardiaque. Il a souffert de l'injustice qui lui a été infligée. Agé de 37 ans à peine, le défunt, Soualmia Hamoudi, laisse derrière lui une femme enceinte et une fillette de 2 ans. Il a succombé à une crise le jour où il a appris qu'il avait été chassé de son domicile à la rue Roumanie et qu'il ne bénéficiera pas d'un nouveau logement. C'était lors de l'opération d'évacuation décidée, il y a dix-sept jours.Le quartier devait être vidé de ses habitants. Un nouveau programme est établi pour permettre la construction d'un centre commercial sur les mêmes lieux. Mais ce projet ne verra jamais le jour. Des experts ont avancé que le terrain ne pouvait permettre la construction d'un tel projet. On croit savoir que des villas luxueuses vont être construites. Une information qui reste cependant officieuse, car aucune source ne confirme ou infirme cette nouvelle. Quelques familles ont eu la chance de bénéficier d'un logement à la nouvelle ville Ali-Mendjeli. Mais elles vivent entassées dans des F2 ou des F3.La situation va certainement s'aggraver car les habitants ne semblent pas près de se laisser faire. Au moment de l'opération d'évacuation de certains bénéficiaires, des dizaines d'habitants se sont regroupés dans la rue pour la bloquer. De graves affrontements ont eu lieu entre manifestants et forces de l'ordre dépêchées sur les lieux pour disperser la foule. L'on avait déploré alors, plusieurs blessés parmi les forces de l'ordre tandis que plusieurs émeutiers avaient été arrêtés. Désormais, les habitants menacent de passer à d'autres actions. Pour revenir au défunt, les habitants ont confié que sa dépouille sera acheminée de l'hôpital vers son quartier, soit à la rue de Roumanie, une dernière fois, là où sa femme et sa fille l'attendent car il n'a pas d'autre famille. «C'est quand même malheureux de voir disparaître des personnes de cette façon», a déclaré une habitante de ce quartier, et de poursuivre: «Que va devenir cette pauvre femme et sa fille? C'est de l'injustice pure et simple.» Les délocalisations de Bardo et de la rue de Roumanie n'en sont pas à leurs premières victimes. L'année dernière, un vieillard de 70 ans avait rendez-vous avec la mort après avoir été jeté à la rue en plein hiver. Pas moins de quatre ouvriers sont décédés sur les lieux à la suite de l'effondrement des bâtisses libérées de leurs occupants.