Le peuple algérien, éternellement martyrisé, n'attend plus rien de la France de Sarkozy hormis ses excuses et sa repentance officielles. Les ossements des quatre martyrs inconnus, ont été enterrés, hier, dans le village d'Ighil Ou Antar (commune de M'cisna) dans la wilaya de Béjaïa et ce, en présence des autorités locales, responsables locaux de l'Organisation nationale des moudjahidine et de plusieurs centaines de citoyens des villages avoisinants. Ces quatre chouhada sont restés sans tombe pendant 53 ans. Appelés «Averrane» tombés aux champ d'honneur en 1957, dans le maquis séparant les villages d'Ighil Melloulen et d'Ighil Ou Antar, les ossements des quatre martyrs ont été découverts le 27 avril dernier, entassés, pêle-mêle, dans une fosse commune. Trois de ces derniers sont criblés chacun de plusieurs balles tandis que le quatrième portait plusieurs traces d'éclats de bombe. La découverte a été faite après que l'APC de M'cisna ait entamé le terrassement pour la consolidation du mur de clôture du cimetière d'Ighil Ou Antar. Plusieurs villageois, faisant appel à leur mémoire, ont avancé autant de témoignages tandis que la rétrospective apportée par Da Mohand Saïd semble être la plus plausible: «D'aucuns des villageois n'a eu la moindre information sur l'endroit de leur inhumation.» Les parachutistes de Bigeard, les éléments du Capitaine Balland (SAS de Seddouk) et les soldats stationnés dans la localité de Béni Mohli (willaya de Setif), appuyés par des troupes héliportées ont été dépêchées à l'effet de couper tout pont liant les populations aux maquisards. La commune de M'cisna a été le théâtre répété des dépassements inouïs. Les habitants d'Ighil Ou Antar, Amagaz, Imoula et de Sidi Saïd ont subi nombreux sévices tandis que les villages d'Ighil Melloulen et de Tighermine ont été vidés. Les familles ont été déportées et éparpillées dans d'autres hameaux laissant derrière elles, terres et biens. La France coloniale est encore une fois rattrapée par son passé honteux, la plaie est remuée davantage. Celle-ci est alimentée par l'obstination de la France dans son discours antirepentance. Autant de signes qui plaident pour la nécessité de la reconnaissance, par la France, de son passé l'humiliant auprès de l'opinion algérienne, française et internationale. L'opération «Jumelles», qui a ceinturé la Kabylie, les lignes Morice et Challe, les enlèvements, les tortures, les massacres collectifs, les exécutions sommaires et les enterrements dans les fosses communes rappellent la brutalité coloniale. Toute la responsabilité des exactions des 132 ans de colonialisme incombe à la France, sa politique coloniale et son armée. Loin des calculs politiciens ou autres desseins bas, le peuple algérien, éternellement martyrisé, n'attend plus rien de la France de Sarkozy hormis ses excuses officielles. Pour sa part, Karim Kabache, maire de M'cisna n'est pas allé par mille chemins pour exhorter les chercheurs à s'intéresser à cette région qui a subi tous les affres du colonialisme.