Synthèse de Moumene Belghoul Les tractations vont bon train afin de dénouer la crise institutionnelle dans laquelle s'est engouffrée la Grande-Bretagne après les législatives de jeudi dernier. Le pays s'est retrouvé avec un Parlement à dominante Tory mais sans majorité absolue. Le chef des conservateurs David Cameron, vainqueur des élections, s'est donc tourné vers les Lib Dems (centre-gauche) de Nick Clegg, arrivés troisièmes pour dénouer la crise. Le chef de file tory leur a fait une offre tout en fixant des lignes rouges sur des thèmes phares : Europe, immigration et défense, trois domaines où les programmes des partis semblent difficilement conciliables. Les Tories, opposés au traité de Lisbonne, refusent tout nouveau transfert de souveraineté vers l'Union européenne, et excluent une entrée dans la zone euro. Les conservateurs ont été contraints de faire cette offre après n'avoir pas réussi à dégager une majorité absolue à l'issue d'un scrutin qualifié de particulier dans l'histoire politique de la Grande-Bretagne. Le parti de Cameron a réussi à placer 306 députés, devant les 258 du Parti travailliste du Premier Ministre Gordon Brown. Ainsi, 20 sièges l'ont empêché d'avoir la majorité absolue. En troisième position arrivent les Lib Dems avec 57 sièges. Une situation d'arbitrage qui en fait des «faiseurs de roi». Les jours à venir seront déterminants dans les tractations entre les trois partis. Les négociations ont été lancées dans les heures ayant suivi la présentation de l'offre par David Cameron. Ce dernier a souligné l'urgence des discussions, prédisant une «catastrophe économique» si des mesures n'étaient pas mises en place rapidement pour réduire un déficit budgétaire astronomique (près de 12% du produit intérieur brut). La livre avait sévèrement chuté vendredi dernier et la Bourse de Londres avait connu une séance extrêmement volatile. C'est sur fond d'inquiétude que la vie politique britannique évolue depuis vendredi. Gordon Brown, qui a le droit de se maintenir au pouvoir tant que la situation est incertaine, s'est dit disposé à discuter avec les Lib Dems si les pourparlers capotaient avec les conservateurs. L'offre des travaillistes pourrait être plus alléchante pour les Lib Dems, Gordon Brown leur ayant même promis un référendum sur la réforme du système électoral. Une exigence politique qu'ils n'ont cessé d'appeler de leurs vœux. Cependant, les Tories ont seulement accepté de lancer la réflexion sur le sujet. Un accord peut attendre jusqu'au 25 mai : c'est à cette date limite que la reine doit présenter le programme du nouveau gouvernement et qu'un vote de confiance a traditionnellement lieu. Pour l'heure, les négociations s'annoncent ardues entre conservateurs et libéraux-démocrates tant leur alliance serait contre nature sur plusieurs thèmes cruciaux, comme l'Europe et la défense. En attendant un semblant d'accord, les résultats des élections sans vrai vainqueur plongent les Britanniques dans l'incertitude.