Trente-six heures après l'attentat, les enquêteurs américains s'activent à rechercher les coupables directs de cet acte terroriste et ce, en prévision d'une riposte forte et précise. Et à ce stade, la piste algérienne n'a pas été exclue par les agents du FBI, qui ont déjà jeté leurs soupçons sur un Franco-Algérien, qui a été arrêté fin août et qui présente, selon la police américaine, un profil similaire aux membres des commandos kamikazes. En effet, Zakaria Moussaoui, un Franco-Algérien de 31 ans, qui résidait en Grande-Bretagne, aurait été repéré aux Etats-Unis, plus précisément à Boston (lieu justement de départ des avions-suicide) où il suivait des cours de pilotage. Alertée par son instructeur, la police de Boston a alors procédé à son arrestation et découvert son faux passeport. Son expulsion vers la France était même programmée en septembre. Mais après cette vague d'attentats terroristes, il est devenu l'un des éléments clés et pourrait même avoir des liens très étroits avec les pilotes kamikazes qui ont ébranlé l'Amérique. Avec les témoignages précieux de cet élève pilote troublant et présumé terroriste, les enquêteurs américains peuvent ainsi reconstituer le puzzle de cette organisation terroriste, identifier le cerveau et trouver le pays qui a soutenu, de près ou de loin, cette attaque sans précédent contre la première puissance mondiale. Pour obtenir des informations susceptibles de faire avancer l'enquête, les Etats-Unis ont déjà pris attache avec les services de renseignement de pays amis, tels la France, la Grande-Bretagne, les Pays-Bas et l'Allemagne, mais aussi des pays qui combattent le terrorisme ou qui possèdent un fichier important des organisations clandestines des moudjahidine. C'est le cas, notamment, de l'Algérie et de l'Egypte, mais aussi du Pakistan - qui joue double-jeu - puisqu'il accorde des privilèges aux combattants de Dieu et, en même temps, s'équipe en armement américain sophistiqué. Selon certaines sources, les services de renseignement algériens ont échangé avec leurs homologues américains des informations sur les éléments algériens ayant séjourné en Allemagne et qui se sont déplacés au Canada. Il n'est pas exclu que ces éléments extrémistes fassent partie du groupe de kamikazes ayant fait exploser Washington et New York. D'ailleurs, les enquêteurs américains se sont orientés vers la piste d'Ahmed Ressam qui, avec trois de ses compatriotes, visaient à commettre un attentat à la bombe contre l'aéroport de Los Angeles. Ahmed Ressam, qui faisait partie de l'organisation El-Qaîda (la base) d'Oussama Ben Laden, a été arrêté le 14 décembre 1999, à la frontière américano-canadienne avec, à bord de son véhicule de location, 130kg de nitroglycérine. L'arrestation à Londres d'un nouvel élément du groupe et son inculpation d'association avec le groupe Ressam démontrent, si besoin est, la mobilisation et l'engagement d'éléments algériens dans l'organisation d'attentats contre les Etats-Unis. Si les enquêteurs américains privilégient aussi l'implication du réseau algérien de Ben Laden dans les récentes attaques, c'est aussi parce qu'il représente le plus gros contingent «d'Arabes afghans» travaillant sous l'égide d'El-Qaîda: plus de 2800 hommes dont la plupart ont été recrutés dans les rangs du groupuscule Fida et choisis pour leur niveau intellectuel. La plupart d'entre eux sont des étudiants ou des ingénieurs inscrits dans des facultés européennes, canadiennes ou américaines. Pour «ces agents dormants algériens», l'essentiel était d'éloigner les soupçons des autorités locales, afin de mieux préparer leur mission et accomplir leur sale besogne. C'est, sans doute, l'erreur qu'a commise le Franco-Algérien, Zakaria Moussaoui, en attirant les soupçons de son instructeur sur son extrémisme religieux. Surtout que la Direction de surveillance du territoire (DST), l'équivalent du FBI américain, avait informé, via Interpol, les enquêteurs américains de la présence sur son sol d'un élément «suspecté d'oeuvrer pour le djihad» et qui a effectué plusieurs voyages en Afghanistan. La DST l'avait déjà inscrit au Fichier des personnes recherchées (FPR). Autre élément pouvant être un indicateur fort de la présence des Algériens dans le groupe des 19 pilotes kamikazes, annoncé par le FBI, c'est la multiplication des nationalités. En effet, le réseau terroriste aux Etats-Unis est composé d'une mosaïque cosmopolite de plusieurs nationalités. Algériens, Egyptiens, Yéménites, Jordaniens, etc. Pour la plupart, ils sont issus de pays où l'extrémisme religieux est violemment réprimé par leurs gouvernants. La technique d'El-Qaîda d'Oussama Ben Laden consiste aussi à perpétrer des actions terroristes de grande envergure, avec l'aide d'un groupe composé de plusieurs nationalités, pour rendre la riposte des Américains sur les pays incriminés, plus difficile. C'est pourquoi, on ne retrouvera jamais dans le groupe du milliardaire saoudien des Afghans, des Iraniens, des Palestiniens ou encore des Libyens et des Irakiens. Seuls les éléments qui sont issus de pays en bons termes avec les Etats-Unis sont retenus pour les actions contre l'Amérique, tels que l'Algérie, les Emirats arabes unis ou encore l'Egypte et l'Arabie Saoudite. Une technique qui est vieille comme le monde et qui a été utilisée par les tribus arabes sur ordre de Qoreïch pour tenter d'assassiner le Prophète Mohammed et verser ainsi son sang sur l'ensemble de la péninsule arabe.