Le président du Conseil supérieur de la langue arabe (Csla), M.Mohamed Larbi Ould Khelifa, a appelé, mardi à Alger, à la libération de la langue d'écriture en Algérie des idéologies stéréotypés. Le phénomène de la division et du changement culturels dans le domaine de la créativité, oscillant entre le français et l'arabe et viceversa, «nécessite de multiples approches anthologiques pour les comprendre», a indiqué M.Ould Khelifa lors d'une journée d'étude sur «Le roman algérien entre les deux rives de la Méditerranée» organisée par le Csla. Le président du Csla a estimé qu'il est nécessaire de «se libérer des préjugés et des généralisations caractérielles et superficielles à chaque fois qu'une provocation éclate outre-mer ou que la question de la modernisation est suscitée dans notre monde moderne». S'agissant de la problématique du roman algérien, l'intervenant s'est interrogé si le roman algérien écrit en langue française et édité, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, a un impact unilatéral ou alors traduit-il une sorte de rébellion contre des situations sociopolitiques dans lequel le romancier propose des substituts. M.Ould Khelifa a indiqué, en outre, que l'émancipation de la créativité et le développement culturel dans notre pays «commencent par la libération de la culture de la censure et des cercles fermés». «La culture n'appartient à aucun parti (...). L'arabe et le tamazight appartiennent à tous les Algériens», a souligné l'intervenant, ajoutant qu'«elles s'inscrivent dans le patrimoine national et leur développement relève d'une question stratégique ayant pour objectif d'encourager l'unité et la cohésion de la nation». Concernant la journée d'étude, le président du Conseil supérieur de la langue arabe a souligné qu'«elle vise à encourager les créateurs dans tous les domaines et à favoriser le rapprochement entre les créateurs en langues arabe et française afin de consacrer la cohésion et la solidarité au sein de la société». M.Ould Khelifa a, dans ce contexte, mis l'accent sur la nécessité pour la langue arabe d'être «la langue unificatrice des intellectuels sans fanatisme aucun ni exclusion des autres langues». La rencontre à laquelle a assisté une pléiade de professeurs de différentes universités algériennes, de romanciers et de chercheurs, aborde des thèmes relatifs au roman qui représente, selon de nombreux intervenants, «un champ fertile en connaissances théoriques et scientifiques et un vécu riche en valeurs et en relations corrélatives reposant sur une conscience liée à l'histoire et à la culture locale produite par l'accumulation d'expériences cognitives». Certains conférenciers ont mis en exergue l'importance de la langue en tant que l'un des éléments essentiels de l'identité nationale, s'interrogeant sur les moyens de justifier la contiguïté de deux discours littéraires utilisant deux langues différentes pour exprimer une même identité culturelle. D'autres participants ont évoqué la problématique de l'existence d'un roman algérien selon les critères de l'identité immuable, conformément aux lois, et ce, bien qu'il existe un roman algérien qui recherche de nouveaux critères. Les participants à cette journée d'étude ont également débattu d'autres questions, dont «la nécessité civilisationnelle du dialogue entre les deux modèles», «une approche dans le discours romanesque algérien» et «le roman francophone en tant que texte multiculturel».