Quatorze pays devraient être élus sans opposition aujourd'hui au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, au grand dam des ONG selon lesquelles cinq d'entre eux, dont la Libye, ont des bilans en la matière, qui les disqualifient. Dans une déclaration commune, une dizaine d'ONG dont l'américaine Human Rights Watch, réunies au sein d'une «Coalition pour un Conseil des droits de l'homme efficace», affirme que cinq des candidats de cette année - Angola, Libye, Malaisie, Ouganda et Thaïlande - ne répondent pas aux critères souhaités pour y siéger. Ce Conseil basé à Genève, principal organe des Nations unies en matière de droits de l'homme, n'a connu que la controverse depuis sa création en 2006 dans le cadre de la réforme de l'ONU. Il a remplacé la Commission des droits de l'Homme, discréditée car des pays au bilan peu reluisant en la matière pouvaient y siéger. Ce discrédit avait, notamment été constaté au moment de l'élection en 2003 à la présidence de la Commission de la Libye. Or, le bilan d'activité du nouvel organe pour ses quatre premières années d'existence est, lui aussi, très critiqué. Le Conseil, quoique doté de règles plus strictes que la Commission, n'a pu éviter la controverse née de l'élection de certains pays très suspects en matière de droits de l'homme comme l'Arabie Saoudite, la Chine et Cuba. Il est régulièrement accusé de ne pas agir sur les dossiers de pays connus pour leurs violations des droits de l'homme comme le Soudan, tout en consacrant l'essentiel de son temps à critiquer Israël, reproche qui était déjà fait à la Commission. Le Conseil compte 47 Etats membres. Pour être élu pour une période de trois ans, un Etat doit recueillir la majorité absolue (97 voix) à l'Assemblée générale des Nations unies, qui vote à bulletins secrets. L'effectif est renouvelable par tiers tous les ans. La constitution du Conseil est fonction de la composition géographique de l'ONU et les sièges sont répartis par zone. Or, cette année, pour la première fois, chaque groupe régional a présenté un nombre de candidats égal à celui des sièges à pourvoir, assurant une élection sans suspense. Dans le groupe Asie, c'est paradoxalement le retrait en avril de la candidature de l'Iran, salué à l'époque par les organisations de droits de l'homme, qui a permis cette situation, laissant la Malaisie, les Maldives, le Qatar et la Thaïlande concourir aux quatre sièges à pourvoir. Pour l'Afrique, l'Angola, la Libye, la Mauritanie et l'Ouganda briguent aussi quatre sièges. Pour l'Amérique latine, l'Equateur et le Guatemala sont en lice pour deux sièges, tout comme l'Espagne et la Suisse pour l'Europe occidentale et la Moldavie et la Pologne pour l'Europe de l'est. Déplorant les résultats connus d'avance, les ONG affirment que «même quand ils n'ont pas de concurrents, les pays candidats doivent satisfaire aux critères les plus stricts en matière de droits de l'homme», comme l'exigent les règles du Conseil. Elles ont écrit aux cinq Etats dont elles contestent la légitimité en matière de droits de l'homme pour leur demander, notamment de coopérer avec le Conseil et de permettre un libre accès aux experts de l'ONU lorsque ceux-ci veulent se renseigner sur leur situation. «Quand un Etat brigue un siège au Conseil, le moins qu'il puisse faire est d'ouvrir ses portes à ses experts», déclare Peggy Hicks, de l'ONG new-yorkaise Human Rights Watch (HRW). «Mais plusieurs des candidats en lice cette année ont usé de tactiques dilatoires, quand des experts du Conseil ont voulu les visiter. C'est un problème qui doit être examiné avant l'élection de jeudi» (aujourd'hui), ajoute-t-elle.