Désormais, aucun régime d'exception ne caractérisera le traitement des dossiers appartenant aux ressortissants algériens et tunisiens. Jusqu'à l'adoption de la nouvelle loi par le Parlement français, Algériens et Tunisiens étaient exclus des réformes Chevènement en matière d'émigration. Désormais, aucune discrimination n'existera entre les Algériens et les autres prétendants à l'émigration en France. Dans les détails, un certain nombre de mesures seront désormais appliquées aux Algériens. S'agissant donc des fameux «sans-papiers», ils devront «atteindre quinze ans de présence en France avant de prétendre à un titre de séjour d'un an». Cette durée, précise-t-on encore, sera ramenée à dix ans comme pour les autres émigrés à condition d'apporter les preuves concrètes de sa présence dans l'Hexagone durant cette période. Plus important encore, les conjoints de français (es) n'auront plus, est-il prévu, à faire de longues queues pour obtenir des visas long séjour. Un simple visa touristique permettra au conjoint de rejoindre le territoire français. Mais au lieu de la carte de dix ans, le permis de séjour sera, lui aussi, ramené à une seule année. Sans doute renouvelable sans que les modalités en aient été encore précisées. Cette mesure, il faut le croire, serait laissée à la discrétion du préfet territorialement compétent. En clair, un simple administrateur a le droit à tout moment de séparer un couple sans même avoir besoin de préciser ses raisons. Une bonne nouvelle enfin, les parents d'enfants français ne subiront plus le statut humiliant du ni-ni, c'est-à-dire ni «expulsable», ni en position d'être régularisé. Ils bénéficieront désormais automatiquement d'un permis de séjour sans que la durée, toutefois, en ait été précisée. Les artistes, les scientifiques et certains types de retraités pourront circuler librement entre l'Algérie et la France sous la ferme condition, assez déroutante, de ne pas passer une année d'affilée dans l'Hexagone. Ce genre de mesures, assez vexatoires, auraient dû faire l'objet de vives protestations de la part des autorités algériennes. Mais, jusqu'à présent, cela n'a pas été le cas. Il faut croire que ce sujet, délicat et brûlant, sera abordé lors de la visite à Alger du ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, prévue avant la fin de l'année. Le pire reste quand même à venir. Il concerne les fameuses histoires de regroupements familiaux. Ici, les autorités françaises vont se montrer nettement plus restrictives. Les ressortissants devront attendre un an avant de faire venir un membre de leur famille alors qu'ils avaient le pouvoir, avant, de le faire dès leur installation en France. Ce droit, en outre, est tout simplement dénié aux polygames. De sombres jours, donc, attendent les quelques un millions d'Algériens établis en France sous une couverture ou une autre. Quant à tous ceux qui désirent encore s'y établir, ils devront désormais se chercher de nouvelles destinations, quelque peu plus clémentes, et moins sévères sur des questions simplement humaines.