Les partis politiques en lice, la plupart du moins, se sentent peut-être gênés contrairement aux locales de 97. Les observateurs avertis de la scène politique ont tous constaté que les leaders de parti craignent de se jeter dans la mêlée. Et pour cause... Contrairement aux législatives, qui avaient vu les partis politiques se lancer dans la course aux sièges des mois avant le jour J, ces derniers restent actuellement confinés dans un attentisme qui en dit long sur leurs craintes de ne pas être au diapason. En effet, si lors des législatives, les thèmes de campagne avaient en grande partie achoppé sur des questions d'ordre national, notamment la concorde et la lutte antiterroriste, aucun parti n'ignore que des élections locales sont censées, avant tout, se pencher sur des questions autrement plus terre-à-terre, intéressant de très près le vécu quotidien du citoyen de l'Algérie profonde, comme l'eau, le logement, la bureaucratie, la corruption qui se pratique couramment aux échelons locaux... Beaucoup de partis, mais aussi des médias, notamment les plus hostiles à la tenue de ce rendez-vous électoral, font tout pour dévier le débat sur les questions de politiques générale et géostratégique dont la finalité, une fois de plus, est d'amener le chef de l'Etat à écourter son mandat sous prétexte que la concorde a échoué et que des alliances douteuses seraient en train d'être tissées avec les islamistes et leurs soutiens politiques, c'est-à-dire les réconciliateurs, partisans d'une solution politique à la crise algérienne et demeurés fidèles à la plate-forme de Rome. Les partis en lice pour la course aux APW et APC ne savent pas (encore !) s'ils s'inscrivent en faux du débat général à venir s'ils entament leur précampagne en abordant uniquement les sujets relatifs aux besoins urgents des citoyens. Ce n'est pas tout. L'autre débat, somme toute incontournable dans une campagne comme celle-ci, est comme de juste relatif aux futures réformes de l'administration, y compris les codes communal et de wilaya prévoyant de restreindre plus encore les prérogatives des élus locaux au profit exclusif des hauts commis de l'Etat que sont les walis, les chefs de daïra et leurs secrétaires généraux. Un parti comme le PT, au demeurant, a déjà donné le «la» en se gardant de présenter des candidats pour la course aux APC parce que, tel qu'expliqué par la porte-parole de ce parti, «les maires et leurs adjoints n'ont aucun pouvoir, ce qui fait qu'aucun d'entre eux ne pourra tenir les promesses et engagements qu'il aura faits durant sa campagne électorale». Les partis politiques en lice, la plupart du moins, se sentent peut-être gênés contrairement aux locales de 97. A cette époque, les DEC avaient bon dos pour supporter tous les sarcasmes et critiques acerbes de la classe politique, toutes tendances confondues. Cela n'est plus possible à présent. Les partis, certains du moins, ont géré des APC cinq années durant. Les résultats de la plupart sont pour le moins discutables. Sans un mea culpa préalable, il sera, on ne peut plus difficile, de formuler de nouvelles promesses, ou d'attaquer les autres sans risque de se couvrir de ridicule. A cela s'ajoutent aussi l'été, et les départs en congé des dirigeants politiques après une course harassante lors des législatives. A présent, si les armes sont en train d'être affûtées et si chaque formation politique bat le rappel de ses troupes, aucun leader ne veut être le premier à «vendre la mèche». Chacun attend l'autre. Mais, cet attentisme ne durera pas une éternité, démarrage officiel de la campagne électorale oblige!