Comme première mesure, le wali de Tlemcen a ordonné, hier matin, la fermeture de la station de carburant de Boukanoun, gérée par Naftal, pour trafic de carburant. «La famille de la victime déposera plainte, dans les tout prochains jours contre les douaniers de Boukanoun après la mort du jeune Boulouiz Amine et non-assistance à personne en danger après que ce dernier eut été abandonné en pleine agonie lorsqu'il a été brutalement percuté et renversé par le véhicule qu'il conduisait», a révélé le Dr Berrichi, médecin généraliste, en même temps oncle de la victime, morte des suites d'une course folle déclenchée par les douaniers de la localité, samedi après-midi, selon plusieurs témoignages recueillis. «Pour que ces scènes ne se reproduisent plus jamais», a-t-il déploré avant d'affirmer que «plusieurs cas de décès similaires ont eu lieu dans les mêmes conditions». Le ton est désormais à la mobilisation de la population locale aux fins de défendre les intérêts moraux et la mémoire du jeune Boulouiz Amine. En effet, la Ligue algérienne des droits de l'homme compte se mettre de la partie en installant, jeudi prochain, la première cellule de la Ligue. Celle-ci sera dirigée par le Dr Berrich même. «Tout ce qui brille n'est pas de l'or», semblent vouloir dire plusieurs personnes jointes hier par téléphone. «On nous prend tous pour des contrebandiers, alors que c'est complètement faux», déplore-t-on. Néanmoins, il est encore tôt et très difficile d'apporter toute la vérité sur les circonstances ayant causé la mort du jeune Boulouiz Amine. Dans l'affaire de Bab El Assa, les spéculations et autres intox vont bon train. Les avis sont divers et multipliés. Certaines versions soutiennent que la jeune victime est un contrebandier traqué par les douaniers informés, à l'avance, de la présence d'un véhicule démuni de papiers. «Mais est-ce une raison pour déclencher une course-poursuite d'une telle envergure comme celle qui a conduit à la mort du jeune Amine?», s'est révolté le Dr Berrichi. D'autres personnes avancent que la victime était à bord d'un véhicule, propriété d'un contrebandier connu dans la région. «Honnêtement, j'ignore tout de l'appartenance du véhicule», a expliqué l'oncle de Amine, ajoutant que «contrairement à ce qui a été avancé par les médias, la victime, étudiant à l'université de Tlemcen, ne revenait pas du Maroc». L'affaire est encore opaque. L'enquête poursuit son cours pour déterminer les circonstances exactes de la mort de Boulouiz. Ce sont là les premières révélations d'une affaire inextricable qui a mis en branle les plus hauts responsables de la wilaya de Tlemcen, à leur tête le wali Nourri Abdelouahab, qui s'est déplacé, dimanche, sur les lieux du drame pour assister à l'enterrement de la victime. Les habitants du petit village frontalier de Bab El Assa et ceux de Boukanoun ne décolèrent pas malgré le déploiement d'un impressionnant dispositif des forces de l'ordre qui a quadrillé les deux villages. Même le Royaume chérifien est en alerte. Appréhendant le débordement des émeutes et la tension vers leur territoire, les Forces armées royales (FAR) et la Mekhaznia sont, elles aussi, mobilisées. Les gardes-frontières marocains ne sont pas, eux aussi, indemnes des reproches des populations de la bande frontalière de l'Ouest. Ces dernières ne sont pas près d'oublier de sitôt la mort, dans des circonstances dramatiques, du jeune Hicham, tué l'année dernière par les gardes-frontières du Maroc. En attendant l'issue de l'enquête, les responsables locaux jouent la carte de l'apaisement. En dépit des dégâts enregistrés, quarante parmi les manifestants ont été interpellés. Pour rappel, les émeutiers ont incendié plus de 300 véhicules à l'intérieur de deux parcs automobiles des Douanes et saccagé plusieurs édifices publics. Comme première mesure, le wali de Tlemcen a ordonné, hier matin, la fermeture de la station de carburant de Boukanoun, gérée par Naftal, pour trafic de carburant, l'un des plus grands maux qui continuent à porter un coup dur à l'économie nationale.