Face à la violence et aux intimidations dont elle est l'objet, cette formation n' oppose que la politique. Cette stratégie est-elle porteuse? Le premier secrétaire national du FFS,M.Ahmed Djeddaï, vient de réaffirmer, à la faveur d'une conférence de presse tenue au lendemain d'une réunion des cadres et des têtes de liste du parti pour les prochaines élections locales, que la participation de sa formation à ce scrutin vise «la refondation démocratique de l'Etat» algérien. Mais ce parti, qui se présente à cette consultation électorale avec pas moins de 335 listes pour les communes et 18 autres pour les wilayas, selon les statistiques rendues publiques la semaine dernière par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales, doit faire face à la recrudescence continuelle d'actions de destruction visant les sièges de ses permanences en Kabylie, et un feu de critiques virulentes de la part de ses adversaires politiques ciblant ses options politiques stratégiques cristallisées à travers sa décision de participation à ces élections locales. Or, sur fond d'un contexte politique et social des plus figés, et dans lequel le pays semble avoir besoin beaucoup plus d'action que de rhétorique et avec une société submergée de toutes sortes de frustrations, quelle sera la contribution réelle et effective de cette formation à cette oeuvre de reconstruction de l'Etat national, même avec sa participation à ces locales, elle, qui est absente de l'APN, donc du lieu d'élaboration et d'adoption des futures lois pour le devenir du pays? Certes, pour le premier secrétaire national du FFS, la décision de prendre part aux prochaines joutes électorales a pour objectif primordial «d'éviter que la Kabylie ne sombre dans le chaos, de reconquérir le pouvoir local et d'imposer le changement radical», c'est-à-dire à la faveur de ces élections communales et de wilaya, procéder à un travail de réappropriation des espaces de proximité qui puissent permettre une nouvelle crédibilité à la représentation de l'Etat sur le plan local. Cependant, les observateurs et les analystes de la scène politique nationale s'interrogent sur le degré d'efficacité de la marge de manoeuvre du parti d'Aït Ahmed pour pouvoir traduire ses vues, en somme encore toutes théoriques, sur le terrain de la réalité de tous les jours, particulièrement en Kabylie où le plus vieux parti d'opposition en Algérie est, pour une fois,assimilé à une «roue de secours» pour le pouvoir central fortement contesté sur place par les radicaux des ârchs, les maximalistes du parti rival dans la région, le RCD, et par les tenants de la très chimérique autonomie de la Kabylie. Faut-il rappeler, à cet égard, que bien avant que ne débute cette très attendue campagne électorale pour les communales, le FFS est, dès à présent, dans le collimateur de tous ceux qui ne sont pas d'accord avec la stratégie de sortie de crise de la Kabylie émanant du pouvoir à travers justement ce scrutin, et à laquelle le parti a adhéré? Comme il a déjà fait les frais de leur offensive sur le terrain sous forme d'une violence inouïe qui s'est traduite par le saccage, l'incendie et la destruction de pas moins de 5 sièges et autres permanences du parti dans la région. Conjugué au fait qu'à l'instar de tous les autres partis politiques algériens, le FFS, n'est, lui aussi, pas exempt de remous internes à l'occasion de ces élections et semble traversé par des courants contradictoires d'ambition, de leadership et de rivalités politiques et claniques qui ont mené au désistement d'une cinquantaine de candidats des listes du parti dont une vingtaine en Kabylie, l'avenir régional, voire national de cette formation risque de connaître des jours difficiles si elle ne réussit pas le cap de ces élections locales. Dans ces conditions, on voit mal comment le FFS, qui entend - selon ses responsables politiques - «oeuvrer à la réhabilitation du politique, en privilégiant le débat contradictoire et la force de l'argument comme antidote à la violence et à l'anathème des tenants du pourrissement», va concrétiser son discours et ses thèses, quand ses propres partisans locaux n'arrivent même pas à tenir un meeting d'explication à la population, justement de ces mêmes thèses du parti. En somme, si le FFS n'est pas l'otage de ses options politiques, il n'arrive pas à les traduire dans la réalité et se trouve de facto plongé jusqu'au cou dans les méandres de la seule politique qui n'est rien d'autre qu'une mer éternelle, c'est-à-dire qui ne finit jamais.