La Confédération des producteurs algériens souligne que les producteurs et transformateurs de lait ont perdu leurs repères depuis la réorganisation de la filière. Encore une fois, le lait risque de connaître une crise dans les prochains jours. Cette menace est relevée par la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa) qui pointe du doigt le «désintéressement affiché par les producteurs et transformateurs de lait des régions ouest et est du pays». Les inquiétudes formulées par les professionnels de la filière lait ont, selon la Cipa, incité la confédération à tenir aujourd'hui une journée d'information et de réflexion sur le secteur à l'adresse de ses adhérents. Cette rencontre, programmée au siège de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, de l'agriculture et des pêches, compte «apaiser les inquiétudes légitimes des producteurs et transformateurs de lait» est-il précisé dans un communiqué de la confédération parvenu hier à notre rédaction. Le document souligne que les producteurs et transformateurs de lait «ne retrouvent toujours pas leurs repères depuis la réorganisation de la filière» et de s'élever contre «les accusations formulées par des personnes qui n'ont rien à voir avec le secteur». La Cipa énonce pour sa part une autre réalité en rappelant que «plusieurs unités de production de lait reconstitué ont mis la clé sous le paillasson...face au diktat des revendeurs de poudre de lait d'origine douteuse». La Cipa rappelle aussi que la quantité de lait en poudre accordée mensuellement par l'organisme régulateur est «en deçà de capacités de production des unités des transformation». Elle regrette, en outre, que la politique d'encouragement mise en place pour promouvoir la collecte de lait frais, «batte de l'aile et décourage les plus téméraires» en raison des «lenteurs du mode de règlement de la subvention» prévue. Toutefois, «le versement de ces primes est en passe d'être réglé», selon le responsable de l'Office national interprofessionnel du lait (Onil), Hafid Djellouli, dans une déclaration récente à la presse. La Confédération appelle, enfin dans son communiqué, ses adhérents «à entrer dans les rangs en s'investissant correctement dans la politique d'acquisition de vaches laitières et de collecte de lait cru». Il est à rappeler que la crise du lait dans tous ses volets commerciaux, constitue une pénurie récurrente qui ne cesse chaque année «d'empoisonner» le quotidien du consommateur depuis bien plus de trois ans. La politique d‘intégration du lait cru dans le circuit de consommation peine à être appliquée. «L'Algérie a importé pour 5,4 milliards de dollars de produits alimentaires en 2009». Faut-il rappeler aussi que «les deux tiers de ces importations sont constituées de céréales et de lait», comme l'a révélé à la radio Chaîne III, Rachid Benaïssa, ministre de l'Agriculture. «Annuellement, a-t-il dit, 130 milliards de dinars vont au soutien des filières stratégiques telles que les céréales, la pomme de terre et...le lait.» Si les mécanismes mis en place pour réguler et éviter le manque de lait sur les étals sont qualifiés de satisfaisants par les acteurs de la filière, les experts, eux, estiment que l'Algérie ne parvient pas à répondre correctement aux besoins du marché estimés à plus de trois milliards de litres. Le pays produit 2 milliards de litres et importe pour plus de 650 millions de dollars de poudre de lait. Malgré l'existence d'un programme ambitieux d'importation d'un grand nombre de vaches laitières, la production actuelle ne parvient pas à couvrir les besoins tandis que la commercialisation et la distribution souffrent d'aléas multiples.