Pour expliquer la mauvaise production, les autorités locales et les services concernés, accablés, invoquent les phénomènes climatiques. En 1970, la wilaya de Tizi Ouzou disposait de 275.815 cerisiers. Aujourd'hui, les chiffres sont insignifiants au regard de la déchéance dans laquelle se trouve la cerisaie locale. Les faits sont têtus: la quatrième édition de la fête des cerises de Larbaa Nath Irathen n'a pu réunir que sept quintaux de cerises. Une petite quantité distribuée aux invités ayant assisté à la cérémonie d'ouverture. Une fête où la cerise était absente sur le gâteau. En effet, pour la quatrième fois depuis la reprise de cette festivité en 2006, les organisateurs ont choisi de donner le coup d'envoi ce jeudi 3 juin. La cérémonie d'ouverture, qui s'était tenue à la salle des anciennes galeries de la ville de Larbaâ Nath Irathen, a vu la présence du secrétaire général de la wilaya de Tizi Ouzou ainsi que des présidents d'APW et d'APC et des représentants locaux des services de l'agriculture. L'ambiance de la cérémonie laissait apparaître au grand jour un goût d'amertume. Les stands sifflaient le vent. La cerise n'y était pas. Larbaa mérite mieux. Pour expliquer la débâcle, les autorités locales ainsi que les services concernés, accablés, n'ont trouvé comme bouc-émissaire que le ciel. Le brouillard et les précipitations de la fin du mois d'avril sont, selon eux, à l'origine de l'apparition du Capnode. Quelques semaines auparavant, ces mêmes orateurs prévoyaient une récolte exceptionnelle grâce, justement, aux mêmes phénomènes climatiques. La contradiction est éloquente d'autant plus qu'elle met en évidence une mauvaise prise en charge des producteurs de la cerise. Sur un autre registre, les contradictions des différents intervenants dans la production de la cerise n'en est pas moins apparente. Alors que d'un côté, certains soulèvent le manque en produits phytosanitaires et en engrais, d'autres mettent en avant leurs prix en hausse pour expliquer le tarif exorbitant de ce fruit qui se vend à 600 dinars le kilo. La cherté des cerises ne s'explique pas par le prix des engrais car si ces produits phytosanitaires existaient, ils auraient empêché l'émergence du Capenode. Ces contradictions expliquent en fait le manque de professionnalisme dans la prise en charge de cette activité. Pourtant, les prévisions étaient plus qu'optimistes. Il était attendu une récolte de 40 quintaux par hectare. Le retour à la quantité de la production qui était en vigueur à la rupture de cette fête en 1984 ne dépendait que de la prise en charge professionnelle des cerisaies locales. Mais, hélas! les artistes empêchés cette année-là de se produire sont revenus mais pas la cerise. La comparaison est édifiante. En plus des cerisaies de Tlemcen et de Miliana à Aïn Defla, la production nationale est insignifiante devant les 2571 tonnes annuellement produites au Maroc. Pourtant, le climat est identique. A la lumière de ce constat, il est à noter que l'agriculture est une affaire de professionnels. Le travail à tâtons n'est plus recommandé pour élever la production nationale au niveau prévalant sous d'autres cieux. Les producteurs de cerises de Larbaâ Nath Irathen doivent être pris en charge pour sauver leur culture. Le traitement de quelque 2400 hectares avant la plantation de nouveaux cerisiers, annoncée par les responsables locaux, est déjà un pas vers cet objectif.