La grève d'El Hadjar se poursuit depuis lundi sur fond de revendications salariales. Le Parti des travailleurs est remonté contre la justice. «Nous avons appris avec stupéfaction le verdict du tribunal d'El Hadjar ordonnant l'arrêt de la grève des travailleurs du complexe sidérurgique.» C'est ce qu'indique un communiqué du parti de Louisa Hanoune parvenu hier à notre rédaction. La grève est jugée illégale suite à la plainte déposée en référé par la direction de ArcelorMittal. Une telle célérité dans le traitement de cette affaire est bien surprenante. Le parti note que la grève a été votée démocratiquement par l'écrasante majorité des travailleurs conformément aux lois de la République. Tous ces éléments poussent le PT à réaffirmer son soutien aux travailleurs et à leurs représentants syndicaux. En même temps, il se dit indigné par l'attitude de la direction de ArcelorMittal, qui ne se permettrait jamais de porter atteinte au droit de grève par exemple en France. Le groupe ne respecterait pas les engagements pris en janvier 2010, dans les négociations qui se sont déroulées sous les auspices du secrétaire général de l'Ugta et du ministre du Travail, notamment concernant le sauvetage de la cokerie. Le parti s'interroge pour savoir si le groupe attend de l'Etat algérien qu'il dégage les fonds nécessaires, comme s'il s'agissait d'une entreprise publique, alors que c'est la multinationale qui engrange les profits après avoir bénéficié déjà de largesses inacceptables de la part de l'Etat algérien. Le parti appelle aussi à l'application des décisions issues de la Tripartite de décembre 2009 concernant le secteur privé à propos des salaires. ArcelorMittal se considère non concernée par ces décisions, ce qui est assimilé à une insulte à la République algérienne. Comme si les salariés du complexe sidérurgique et ceux des multinationales «avaient encore le statut de l'indigénat». Le PT rappelle la déclaration du président de la République en juillet 2008 «constatant l'échec de la politique de privatisation et de partenariat avec les étrangers». Le PT considère que le cas du complexe d'El Hadjar illustre clairement cet échec. Les travailleurs ont raison de revendiquer une amélioration de leur pouvoir d'achat ainsi que le renouvellement de l'outil de production dont la cokerie. Le PT rappelle que l'accord avec ArcelorMittal arrive à échéance en 2011 et appelle le Premier ministre à inscrire la question de la renationalisation du complexe sans indemnités ni rachat. Il en fait même une condition pour que le complexe puisse bénéficier des aides que l'Etat a décidé d'accorder aux EPE dans le cadre du plan quinquennal et de la LFC 2009. Le parti veut restituer à la nation une partie de sa propriété collective et renforcer le plan de relance industrielle. Dans l'immédiat, il appelle le ministre du Travail et celui de l'Industrie à faire respecter les lois de la République par la direction de ArcelorMittal.