Le documentaire donne à voir de l'intérieur ce monde curieux du lobbysme. «Je suis très triste de constater que les Algériens doutent de leurs droits». C'est en ces termes que s'est exprimé le réalisateur Kamel Dehane, lors d'un débat animé jeudi, avec la presse, à la salle de répertoire de la Cinémathèque au sujet de son documentaire intitulé Les lobbies sortent de l'ombre. Cette oeuvre, qui n'est pas la première pour le réalisateur Kamel Dehane veut montrer un monde dont les Algériens ignorent en réalité les tenants et aboutissants. Le lobbying est une forme de relation spécifique entre décideurs et, généralement, investisseurs. Le lobbysme a ses règles et ses hommes et constitue un monde à part. On peut ne pas comprendre la finalité du lobbysme, mais il reste qu'il est très entreprenant et qu'il est même devenu pour certaines affaires incontournable. De fait, il existe deux formes de lobbies: le politique et l'économique. Si le principe est le même, la finalité diffère quelque peu. Les exemples les plus évidents sont, au plan politique les lobbies pro-israéliens et les lobbies des multinationales les uns et les autres grassement payés et entretenant une armée d'hommes faite d'avocats d'affaires, d'hommes politiques, de journalistes, de représentants des multinationales, de hauts fonctionnaires de l'Etat. Aux Etats-Unis, notamment, les lobbies sont partis du fonctionnement de l'administration et se retrouvent à tous les niveaux des rouages administratifs américains. Depuis quelques années les Européens suivent la même pente. Avec Les lobbies sortent de l'ombre, Kamel Dehane aborde, dans un documentaire de 48 min les rapports qu'entretiennent « les lobbies » avec leurs différents correspondants, prenant en exemple l'Union européenne (UE) et ses institutions. D'ailleurs, le film pose la problématique de la légitimité de ce phénomène face à une institution où les intérêts sont considérables. Kamel Dehane fait parler des témoins et des fonctionnaires de l'institution européenne, d'où il apparaît que le lobbysme est devenu incontournable et un élément inévitable du fonctionnement de la «maison». De fait, certains estiment que, vu son rôle de plus en plus important, il est devenu impossible d'ignorer ou de se passer de cette espèce de relation informelle. Les lobbies jouent donc un rôle politique et en même temps, économique. Ceci étant, dans son intervention, Kamel Dehane a estimé qu'un lobby arabe commence à prendre forme et à s'immiscer dans le monde du business comme c'est le cas au Maroc ou en Tunisie. «Les pays voisins ont entamé cette opération et adopté cette fonction dans la transparence et les lobbies avaient des droits qui les légitiment. Cela leur offre une meilleure capacité morale leur donnant d'accepter les investissements des pays étrangers. Chez nous, en Algérie, la méfiance est de règle». C'est vrai que le terme lobby n'existe pas en Algérie. Mais ses fonctions sont bien actives souvent opaques et peu transparentes car, chez nous, il est question de «el maârifa» qui est présente dans beaucoup d'affaires, mais intervient dans un cadre inorganisé pas loin de l'illégalité. «Je ne dirais pas que c'est une bonne entame pour arriver, un jour, à notre objectif, cependant, commençons par informer les gens à travers les médias et les reportages et peut-être l'Algérien maîtrisera un jour, les règles de la libre-entreprise et des lois du marché» indiquera le réalisateur, qui rappelle-t-on, vit actuellement en Belgique. Kamel Dehane nous a fait part également, de son prochain film intitulé Tahar Djaout. Les acteurs, d'après M.Dehane, sont déjà choisis, dont le grand comédien algérien Sid-Ali Kouiret jouera le rôle principal. Pour le tournage, tout est prêt et le premier tour de manivelle est prévu pour le 26 de ce mois à Annaba.