Au lendemain de la projection en avant-première mondiale de son film, le réalisateur riposte lors d'un point de presse. «J'ai tenu à faire une première amicale, beaucoup plus pour les acteurs car, logiquement, c'est un film qui doit être vu au mois de janvier», a précisé en substance Kamel Dehane, réalisateur du film Les Suspects, une adaptation libre du roman Les Vigiles de Tahar Djaout, et ce, lors d'un point de presse animé, hier, à la salle Frantz-Fanon (Oref), au lendemain de la projection en avant-première mondiale de son film qui suscite, d'ores et déjà, une polémique avant sa sortie dans les salles. Evoquant le conflit qui l'oppose à Hachemi Zertal (Cirta Films), le premier producteur algérien du film aux côtés du producteur belge, qui a écarté celui-ci en dernier ressort avec la complicité présumée du réalisateur, Kamel Dehane, se refusant à tout commentaire, dira que l'attitude de Zertal qui consiste à prendre un avocat pour recouvrer ses droits est tout à fait légitime. «Il a le droit de dire ce qu'il veut, je n'ai pas à interférer. Il faut contacter le producteur belge pour en savoir plus», dira-t-il. s'agissant de l'absence du nom de la boîte de production de Hachemi Zertal dans le générique du film, M.Dehane fera remarquer que tous «ceux qui ont travaillé sur le film figurent dans le générique, entre autres, le frère de Zertal lui-même», et de réitérer: «Je n'ai rien à voir dans le conflit. C'est la production belge que cela concerne. C'est le juge qui décide de dédommager. C'est un conflit entre producteurs, qu'ils se débrouillent. Cela ne se règle pas dans les journaux.» Et à l'adresse des journalistes: «Moi, je sais me défendre tout seul. Je vous estime assez pour ne pas vous utiliser politiquement pour régler des problèmes juridiques.» M.Dehane se demande «pourquoi alerter la presse le jour de la sortie du film au lieu de le faire avant ou après?» Pour la réalisateur, Zertal ne s'intéresse qu'à l'argent et ne parle que de cela, et de lâcher «on a politisé le film. Ce n'est pas bien. Il faut lire les correspondances entre les avocats, car moi je peux vous dire n'importe quoi». Et d'avouer: «Je suis malheureux que cela en arrive là. Cela m'a usé». Abordant le film, Dehane dira que le projet existe depuis 10 ans au temps où Tahar Djaout était vivant. Faisant sien le principe d'un cinéaste allemand, il explique que son «rêve est de signifier la réalité. On ne parle pas à l'émotion, mais à l'intelligence partant du principe que les gens sont tous intelligents», et de souligner «je donne des signes. Je voulais parler de quelque chose qui me touche, rester le plus fidèle aux préoccupations du roman». Pour rappel, Les Suspects est un film inspiré des Vigiles. Il évoque la montée en puissance du terrorisme au début des années 90 à travers des personnages complexes et où l'hypocrisie sociale et morale règnait en maître des lieux. Dans la distribution des rôles, on retrouve Sid Ali Kouiret (Menouar) dans la peau du vieux traumatisé après la guerre de Libération nationale, Nadia Kaci dans celui de son psychologue thérapeute qui écrira un livre sur «les mémoires blessées» par la guerre, Kamel Rouini alias Mahfoud, l'inventeur d'une machine à tisser autour duquel se noue la trame de l'histoire, mais aussi Ahmed Benaïssa, Larbi Zekal, Mohamed Adjaïmi, Sonia... A propos des personnages, le réalisateur fera remarquer que le vieux, malgré ses contradictions, reste le plus vrai, comparé au jeune inventeur «qui recule plutôt qu'il n'avance. Son idylle avec Samia est artificielle. Il est à côté de la plaque. L'amour silencieux qu'entretient Sid Ali Kouiret avec sa femme dans le film est plus éloquent, donc vrai». Et d'expliquer: «Ce qui m'intéresse c'est de montrer la mécanique des choses. Comment on en est arrivé là, comment on arrive à convaincre qu'une telle situation est juste». Enfin, pour revenir à l'affaire qui oppose le producteur algérien au producteur belge, Kamel Dehan dira que celle-ci est purement commerciale et donc, elle concerne le commissaire aux comptes. N'ayant rien à se reprocher, il fera remarquer «pour polémiquer, il faut être deux. Moi je ne polémique pas. C'est une mésentente quant à la gestion de films, comme il en existe partout ailleurs». Le film Les Suspects sortira sur les écrans à la rentrée, probablement fin décembre, début janvier. Pour rappel, Hachemi Zertal, producteur de Cirta Films, accuse Dehan de magouilles financières puisqu'il s'était érigé en réalisateur-producteur, magouilles que Zertal dit avoir refusé de cautionner, d'où son éviction.