Le secrétaire général du syndicat du complexe sidérurgique d'El Hadjar qui avait annoncé sa démission avec fracas, il y a près d'une semaine, se dit prêt à reprendre du service si les travailleurs le lui demandaient. «Si les travailleurs me le demandent, je reviendrai. Le dernier mot leur revient. Je suis prêt à d'autres sacrifices. Les salariés doivent faire pression sur la direction et la Centrale syndicale qui ont joué chacun un rôle dans ma démission et l'arrêt du mouvement de grève», a déclaré l'ex-SG du syndicat d'ArcelorMittal Annaba sur le site de ToutSurl'Algérie. Des propos rapportés mardi par le quotidien électronique. Smaïn Kouadria a-t-il agi sur un coup de tête? A-t-il laissé ses compagnons de lutte au milieu du gué? A-t-il été pris de remords? Désavoué par la centrale pour ses positions intransigeantes et radicales, en particulier dans le bras de fer qui oppose les 6200 travailleurs à la direction d'ArcelorMittal, le charismatique syndicaliste de Annaba qui incarne la ligne orthodoxe de la revendication ouvrière au sein de l'Union générale des travailleurs a préféré rendre le tablier au nom d'une certaine discipline. La pression étant sans aucun doute trop forte. Il faut signaler que Smaïn Kouadria doit, en outre, faire face à une plainte déposée contre lui par son employeur. Le leader emblématique du syndicat d'ArcelorMittal semble cependant avoir repris du poil de la bête. Et comme un boxeur K.-O., sonné, mais debout, il donne l'impression d'avoir bien encaissé le coup. Il est prêt à reprendre le combat. A en découdre. Ira-t-il jusqu'à défier l'homme fort de la place du 1er-Mai? «En référence à la décision de justice ordonnant au syndicat l'arrêt de la grève et suite aux instructions du secrétariat national de l'Ugta, l'Union de wilaya décide d'appeler les cadres du syndicat et les travailleurs d'ArcelorMittal El Hadjar à la reprise du travail en privilégiant l'intérêt général sur celui personnel», a écrit le secrétaire général de l'Union de wilaya dans une lettre adressée à Smaïl Kouadria. Le message qui émanait de Sidi Saïd était aux antipodes des espérances de «l'enfant terrible» de l'Ugta: les sidérurgistes grévistes doivent reprendre le travail dans «l'intérêt général des travailleurs», a ordonné le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens. Il fallait rendre les armes alors que les hostilités venaient à peine d'être ouvertes. Une capitulation en règle pour un syndicaliste de la trempe de Kouadria qui a encore du mal à comprendre une telle décision. La pilule est amère. Il a bien du mal à la digérer. Et il le dit sans détours: «Franchement, je n'ai pas encore compris cette décision qui a été envoyée à la direction, avant consultation du syndicat. L'Ugta a pris cette décision sans m'informer et sans aucune démarche commune. L'appel à la reprise a été signé par l'Union de wilaya de l'Ugta sur instruction du secrétaire général, Abdelmadjid Sidi Saïd. La centrale a tout faussé en intervenant à la dernière minute alors que nous étions en pleine négociation avec la direction. Nous étions tout près d'arracher des acquis pour les travailleurs», a-t-il confié à nos confrères de ToutSurl'Algérie. Cela ressemble à tout sauf à de la langue de bois. On n'est cependant pas loin de la rébellion. La fracture avec le patron de la Centrale semble être consommée. Mais avant de défier Sidi Saïd, Smaïn Kouadria veut d'abord s'assurer de la légitimité de son combat qu'il veut poursuivre afin d'arracher les augmentations de salaires et mettre en pratique l'accord salarial avalisé par la tripartite (gouvernement, patronat, Ugta, Ndlr) lors de la réunion qui s'est tenue au mois de décembre 2009. Il se dit prêt à reprendre les rênes du syndicat et aller au feu. Il lui faut le soutien de ses compagnons de lutte. L'affaire semble scellée. Les travailleurs réclament son retour. La revanche de Kouadria ne tient plus qu'à un fil. Elle promet du rififi du côté de l'ex-Foyer civique. Les damnés des hauts-fourneaux, qui sont en mal de leader, risquent de répondre plus vite que prévu à cet appel du...coeur. Surtout que «l'incendie» s'est propagé du côté d'ArcelorMittal Tébessa.