Une deuxième mi-temps de rêve pour les Hollandais qui ont su trouver la bonne formule pour renverser la situation. Les Pays-Bas, pourtant malmenés pendant la première période, se sont qualifiés hier pour les demi-finales du Mondial-2010 de football en battant le Brésil 2 à 1 au Nelson Mandela Bay Stadium de Port Elizabeth. Les Néerlandais, qui atteignent le dernier carré d'une Coupe du monde pour la quatrième fois de leur histoire, affronteront le vainqueur du quart de finale entre l'Uruguay et le Ghana, qui devait se jouer hier soir. Ils ont vaincu le signe indien contre une nation qu'ils n'avaient plus battue depuis un 2e tour du Mondial-1974, et qui les avait éliminés en quarts au Mondial-1994 et en demi-finales du Mondial-1998. Wesley Sneijder fut l'homme décisif des Néerlandais. D'abord, par un centre qui poussait à la faute Julio Cesar, gêné dans sa sortie par Felipe Melo qui déviait contre son camp pour l'égalisation (1-1, 53e). Un quart d'heure plus tard, le milieu de l'Inter Milan réceptionnait de la tête un corner de Robben, dévié au premier poteau par Kuyt, pour donner l'avantage aux siens (68e). Les Pays-Bas assommaient des Brésiliens qui pensaient pourtant jusqu'alors tenir une victoire logique, synonyme de dixième apparition dans le dernier carré d'un Mondial. Car, la première période fut un calvaire pour des Néerlandais privés à la dernière minute du stoppeur Joris Mathijsen, blessé à un genou et remplacé par André Ooijer. Les quintuples champions du monde en avaient vite profité sur une ouverture de Felipe Melo vers Robinho, qui, couvert par Ooijer, ouvrait parfaitement son pied (1-0, 10e) pour inscrire son deuxième but du tournoi. Aussi percutants que brillants par séquences, les Auriverde auraient pu doubler le score sur un superbe jeu en triangle Robinho-Luis Fabiano-Kaka, mais ce dernier avait vu son tir enroulé, dévié en corner par Stekelenburg (31e). A ce stde de la rencontre, Robben et consorts balbutiaient leur football. Puis vinrent les actions décisives de Sneijder en seconde période pour enrayer une machine brésilienne complètement déboussolée. A l'image de l'exclusion directe de Felipe Melo (73e) pour avoir piétiné Arjen Robben. Le Brésil a connu la même désillusion qu'en 2006 en étant éliminé dès les quarts de finale, une sortie hâtive qui résonne comme un échec cinglant pour la stratégie défensive de Dunga, et donne raison à ses détracteurs. Sa fameuse phrase, lancée comme un défi à la presse brésilienne le 3 juin, revient comme un boomerang: «Il y a sûrement ici (en Afrique du Sud) environ 300 journalistes brésiliens qui attendent notre élimination pour pouvoir dire qu'ils avaient raison, que le sélectionneur a eu beaucoup de chance à la Copa America (2007) et à la Coupe des Confédérations (2009)». De fait, ces résultats-là ne pèsent guère au regard d'un tel échec dans la compétition reine, où les cinq titres du Brésil et le réservoir de talents lui assignaient l'obligation de figurer dans le dernier carré, sinon en finale. D'autant que cet échec fut assorti d'un jeu jamais totalement convaincant, s'en remettant aux seuls Kaka et Robinho pour glisser çà et là quelques notes de samba au sein d'une partition en sourdine. Au pays du «jogo bonito» (beau jeu), qui vit toujours sur les mythes de Pelé du Mondial 1970, cela ne pardonne pas. En fin de contrat au bout de quatre ans, Dunga s'en ira sous les quolibets. En écartant Ronaldinho et en ignorant Ganso, génial milieu de Santos (19 ans), Dunga s'est privé d'une étoile et d'une étincelle qui auraient pu raviver la flamme. Ironie du sort, le sélectionneur aura donné raison à la dérision du slogan de la campagne antidrogue qui claironnait: «Faites comme Dunga: passez-vous du crack!»