9h30. Matinée d'Etat au parking du salon d'honneur de l'aéroport Houari Boumediène à Alger. Gardes du corps du Président. Equipe de déminage. Fillettes en tenues traditionnelles accompagnées d'un garde portant des bouquets de fleurs protocolaires. Froid. A l'intérieur du hall de départ, des journalistes algériens et brésiliens patientent en attendant l'arrivée du président du Brésil Luiz Inacio Lula da Silva. « Il n'y aura pas de contrats signés, mais cette visite marquera un beau commencement d'une grande coopération », assure un journaliste de la Folha de Sao Paulo. A ses yeux, le Brésil peut apporter à l'Algérie son savoir-faire, notamment dans le domaine des services et des technologies appliquées à l'agriculture ainsi que l'exploration des hydrocarbures en offshore. L'Algérie peut nous apprendre beaucoup sur l'exploitation et l'exportation du gaz », ajoute le journaliste.En 2005, selon les chiffres du gouvernement brésilien, l'Algérie a été classée 16e partenaire commercial global du Brésil, premier partenaire dans le monde arabe devant l'Arabie Saoudite et deuxième en Afrique derrière le Nigeria. Le Brésil est le 7e client de l'Algérie et son premier partenaire en développement, devant la Chine. Le Brésil a exporté, en 2005, 384,33 millions de dollars vers l'Algérie, en augmentation de 10,28% par rapport à 2004. Les principaux produits exportés vers l'Algérie sont le sucre de canne à sucre en brut (30,24%), les viandes congelées bovines (19,51%, mais affectées par des restrictions de prévention sanitaire depuis septembre 2005), etc. Les importations brésiliennes de l'Algérie ont atteint, en 2005, 2,838 milliards de dollars, dont 83,76% de pétrole, avec une augmentation de 45,97% par rapport à 2004. L'Algérie est pour le Brésil le premier fournisseur de pétrole devant le Nigeria et son deuxième fournisseur en naphtas pour la pétrochimie. Le total des échange avoisine les 3 milliards de dollars avec un déficit brésilien de 2,454 milliards de dollars, le plus grand déficit commercial du Brésil pour 2005. « Lula veut avec cette visite, entre autres objectifs, concrétiser sa volonté de rééquilibrer ce déficit », indique un journaliste brésilien du Valor Econômico paraissant à Sao Paulo. « Mais il y a le côté politique également », souligne Denis Chrispim Marin du quotidien O Estado de Sao Paulo rencontré sur le tarmac de l'aéroport alors que s'approchait l'avion du Président brésilien. « Lula cherche aussi l'appui de l'Algérie, membre important de l'Union africaine, de la Ligue arabe, du G-20, pour la demande brésilienne d'un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU », dit-elle alors que les carrées d'armes et le dispositif protocolaire s'apprêtaient à accueillir Luiz Inacio Lula da Silva pour la première visite du genre depuis 1983 et qui fait suite à celle effectuée par le président Abdelaziz Bouteflika au Brésil, en mai 2005. Rapprochement Depuis son arrivée au pouvoir en janvier 2003, le Président brésilien a prôné un rapprochement avec l'Afrique et cherché le soutien de ce continent aux campagnes du Brésil pour forcer les pays riches à ouvrir leurs marchés agricoles au sein de l'OMC et pour obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Sur le tarmac de l'aéroport, ministres et représentants diplomatiques s'alignent. Abdelkader Bensalah, président du Sénat, Amar Saïdani, président de l'APN, Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, Abouguerra Soltani, ministres d'Etat, Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, Chakib Khelil, son collègue de l'Energie, Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué à la Défense et le général-major Ahmed Gaïd Salah, chef de l'état-major de l'armée, sont aux premières loges devant le marchepied devant lequel s'immobilise l'avion brésilien. On note l'absence du ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, qui serait en convalescence suite à une greffe rénale fin 2005. Trente secondes de flottement. Où est le président Bouteflika ? Mouvement du côté de la porte du salon d'honneur. Le chef de l'Etat apparaît, en complet noir, entouré de sa garde, démarche alerte, visage relativement pâle, yeux quelque peu fatigués. Il se dirige vers l'échelle mobile. 11h33, l'apparition de Lula, en costume gris et barbe blanchie, est saluée par des tirs de canon. Rites protocolaires réservés au visites d'Etat. Le président de gauche est accompagné d'une importante délégation comprenant notamment les ministres des Affaires étrangères, Celso Amorim, de la Culture, Gilberto Gil, de la Santé, Saraiva Felipe, et celui du Développement, de l'Industrie et du Commerce extérieur, Luiz Fernando Furlan. Gerbes de fleurs. Fin de mission pour les fillettes en tenue traditionnelle. Poignée de main entre les deux présidents devant les photographes. Hymnes nationaux. Présentation des armes. Musique militaire. Passage devant les membres du gouvernement et des membres du corps diplomatique accrédité à Alger. Les deux hommes se dirigent vers le salon d'honneur. Halte. Les journalistes de la presse privée n'iront pas plus loin. « Mais au fait, votre Président, il est de gauche ou de droite ? », demande un collègue brésilien. La délégation présidentielle s'est rendue au Sanctuaire des martyrs avant d'ouvrir, au siège de la Présidence à El Mouradia, des entretiens en tête à tête. C'est aujourd'hui que s'achèvera la visite du président Lula qui effectue une tournée africaine devant le mener également au Bénin, au Botswana et en Afrique du Sud.