Yasser Arafat est sorti, hier, en héros du QG de la Mouqataâ, porté en triomphe par ses gardes du corps. Certes, le chef du gouvernement israélien n'a pas fait les choses à moitié mais, il n'en reste pas moins, que Sharon a dû céder à la pression internationale et notamment de Washington pressé de rallier le plus grand nombre d'Etats à sa croisade contre l'Irak. Cependant, l'assouplissement opéré, hier, par le gouvernement israélien, qui fit se redéployer, hors de la Mouqataâ, l'armée d'occupation assiégeant le QG du président Arafat, ne répond que partiellement à l'exigence des Nations unies qui demandaient, outre la levée du siège du président palestinien, le retrait de l'armée israélienne des villes palestiniennes autonomes réoccupées en juin dernier. Rien de tel, en réalité, et le redéploiement militaire israélien s'avère être plus une mesure tactique, destinée à relâcher la pression sur Israël, et à soulager son allié américain engagé contre l'Irak, qu'un geste d'ouverture. Il n'en est rien, comme en attestent les barrages militaires maintenus aux alentours du QG du président Arafat. Ce dernier, pour la première fois depuis dix jours, est sorti de ses bureaux de son QG de Ramallah, porté en triomphe par ses gardes du corps. Dans sa toute première déclaration le président palestinien, qui n'a pas cédé aux ultimatums et violences que lui a imposés l'armée d'occupation israélienne, ni cédé à l'exigence d'Israël de lui faire remettre des Palestiniens réfugiés au QG, a dénoncé les exactions israéliennes relevant que «le redéploiement d'Israël ne correspondait pas à la résolution 1345 du Conseil de sécurité». Peu auparavant dans la matinée d'hier, Yasser Arafat, à partir de son QG de Ramallah s'est adressé aux milliers de manifestants (ils étaient plus de 20.000) sortis à Ghaza à commémorer le deuxième anniversaire de l'Intifada, demandant à ses compatriotes de «ne pas baisser les bras» les assurant de la «victoire» De fait, unanimes, les forces de résistance palestiniennes ont réaffirmé, hier, que la lutte continue et qu'ils ne céderont pas devant les oukases israéliens. Dans un communiqué rendu public, hier, le Fatah du président Arafat, réitère que «le peuple palestinien continuera son combat jusqu'à ce que cessent l'agression et l'occupation israéliennes». Plus direct le chef spirituel du Hamas, cheikh Ahmed Yassine, a affirmé, quant à lui, que «les opérations militaires et les tirs de mortier vont se poursuivre et augmenter, car ce sont les seules armes que nous avons et l'ennemi ne comprend que le langage de la force». Propos repris à son compte par Mohammed el-Hindi dirigeant du Jihad islamique qui confirme: «Nous allons poursuivre notre lutte et l'intensifier jusqu'à ce que nous obtenions nos droits». Par ailleurs, la violence se poursuit dans les territoires occupés où deux Palestiniens ont été tués hier, et dix-sept autres arrêtés par l'armée israélienne qui est entrée samedi dans le secteur autonome de Ghaza. Mais de fait, le problème palestinien reste pendant dès lors que les Israéliens évacuant l'aspect politique du dossier proche-oriental, se concentrent uniquement sur la question sécuritaire qui, en réalité, est liée au devenir des territoires occupés, d'autre part, par le fait de vouloir imposer ses interlocuteurs palestiniens. Sharon n'a cessé durant ces derniers mois d'affirmer que Arafat est fini, alors que ce dernier n'a jamais été aussi présent démontrant qu'il reste incontournable pour toute issue pacifique au dossier palestinien. En tout état de cause, en voulant marginaliser le leader palestinien, les Israéliens auront surtout contribué à mettre en lumière le fait que M.Arafat est, et reste, indispensable. De fait, beaucoup de politiciens israéliens, estiment comme Yossi Sarid, chef de l'opposition de gauche, que «Arafat est sorti renforcé car ce gouvernement de droite, avec ses deux mains gauches, l'a remis au centre de la scène», alors que le ministre de la Défense Binyamin Ben Eliezer, veut «relancer le processus de marginalisation d'Arafat». Comme quoi les responsables israéliens, toujours adeptes de la force, ont les idées fixes, et n'ont toujours pas compris que le dossier palestinien demeure un problème politique nécessitant une solution politique d'autant que la sécurité de l'Etat hébreu est conditionnée par l'édification de l'Etat palestinien indépendant.