Tous les indices indiquent que l'Algérie se dirige vers des importations d'environ 40 milliards de dollars en 2010. Le commerce extérieur de l'Algérie continue de susciter les commentaires des économistes. Certains voient même que la facture est exagérément gonflée. C'est le cas de Nouredine Laghliel, expert en Bourse en Suède. L'année dernière, la facture des importations était de 40 milliards de dollars. Elle a toutes les chances de se situer au même niveau cette année. Même si les données sur le commerce extérieur des six premiers de l'année indiquent une légère baisse des importations par rapport à 2009. Elles ne sont plus que de 19,71 milliards de dollars contre 20,92 milliards à la même période de l'année dernière. Mais la hausse par rapport aux trois dernières années est significative. A titre d'exemple, le commerce extérieur algérien a enregistré, au cours du premier semestre 2007, un volume des importations de 12,8 milliards de dollars. C'était déjà significatif d'une augmentation de 20,7% par rapport aux résultats du 1er semestre 2006. Au début des anées 2000, les importations annuelles étaient de moins de 20 milliards de dollars. Elles avaient même enregistré le niveau de 14 milliards pour dépasser le double en 2009. Dans des intervalles rapprochées, les autres données sur l'économie n'ont pas évolué. Le produit intérieur brut, soit l'ensemble des richesses produites, étaient de 3% en 2004 et de 6% en 2008. L'inflation a évolué de 3,5 à 5% durant la même période et le chômage a diminué de 15% à 12%. D'autres indices ont évolué. Les dépenses des ménages ont augmenté de 6% et le niveau du salaire national minimum garanti est passé de 12.000 DA à 15.000 DA en 2010. A la lumière de tous ces chiffres, le même expert arrivé à la conclusion que les chiffres sur les importations suscitent des doutes sur leur véracité. S'ils ne sont pas exacts, c'est qu'il y a des raisons. Lesquelles? Elles seraient au nombre de trois. Il se pourrait que des sociétés-écran se chargent de transférer les devises sans contrepartie, ou que ces opérations ne soient le témoin de blanchiment d'argent ou qu'elles cachent une pratique encore plus banale comme la surfacturation. Il se peut même que toutes ces procédures coexistent. L'une n'excluant pas l'autre. En tout cas, ce ne sont pas les indices qui manquent pour corroborer ces conclusions. A titre d'exemple, la Banque d'Algérie vient de limoger son directeur du Change à cause des affaires de transfert illicite, découverts après enquête, sans que personne ne puisse s'en apercevoir pour les bloquer. Pour la surfacturation, les faits ont même été portés à la connaissance d'Ouyahia par son homologue syrien lors d'une visite dans ce pays. C'est l'ancien ministre du Commerce qui a rapporté les faits selon lesquels la partie algérienne a fait valoir que ses importations de Syrie atteindraient 300 millions de dollars. Précision des concernés: ils n'ont exporté que 50 millions de dollars vers l'Algérie. Toutes ces raisons ont conduit le gouvernement à adopter dès l'année dernière des mesures pour réduire le transfert de devises en Algérie. Pour la première année de son application, les résultats ne sont pas très encourageants. Et déjà que le gouvernement parle d'assouplir les restrictions imposées en décrétant que le seul moyen de paiement extérieur est le crédit documentaire. Les achats urgents ne seront plus concernés par cette procédure.