Photo : Riad Par Rachida Merkouche Pénuries, ruptures de stock, deux spectres qui suscitent la peur chez les malades, notamment ceux atteints d'affections chroniques. Une peur légitime, la disponibilité des traitements étant une question vitale. Ces perturbations qui interviennent très souvent dans la gestion du médicament et sur sa mise sur le marché ne peuvent qu'inquiéter les patients dont l'état de santé peut se dégrader rapidement en l'absence de la pharmacopée adéquate. Les personnes atteintes de diabète de type 1 en font l'amère expérience, l'insuline venant souvent à manquer. L'épisode le plus récent remonte à l'automne 2008, lorsque, par peur d'être à court de traitement, les malades ont été contraints de réduire leurs doses tout en multipliant les appels au ministère de la Santé. Les ruptures ont toujours caractérisé ce remède. Mais le manque qui se manifeste alors que celui-ci est produit localement pourrait paraître incompréhensible. Cette rareté est cependant expliqué par certains pharmaciens par le fait que le «groupe Saidal n'a pas pu couvrir l'ensemble de la demande nationale en la matière, suite à la décision prise par la tutelle de fixer les quotas de médicaments importés par les privés». Il n'y a pas que l'insuline qui déserte les officines, beaucoup d'autres médicaments restent introuvables durant des périodes assez longues. Ce sont souvent des dizaines de médicaments dont le manque pénalise les malades. Des traitements prescrits par des médecins restent sans efficacité en l'absence de l'un des éléments devant combattre telle ou telle affection. Au grand dam des usagers qui doivent ainsi dépenser une somme faramineuse sans un résultat en retour. Mais ceux qui y sont souvent confrontés, ce sont les patients souffrant d'hypertension, de cardiopathies, d'asthme et d'allergies, pour ne citer que ces types de pathologies chroniques qui handicapent ceux qui en sont atteints et les mettent face au difficile challenge de trouver le remède nécessaire à leur survie. Même les contraceptifs n'y échappent pas, de même que la morphine, dont les cancéreux au stade final de la maladie ont cruellement besoin pour moins ressentir la douleur provoquée par le mal qui ronge leur corps. En fait, personne n'ignore que le marché du médicament est difficile à gérer, les pouvoirs publics butent toujours sur des lobbies qui régentent ce marché et en font un domaine hermétiquement fermé et inaccessible à toute gérance et à toute réforme. La moindre tentative de réglementer de celui-ci provoque inévitablement des perturbations dans la gestion des stocks, ainsi que des ruptures. Une manière pour ces lobbies d'imposer le statu quo et leur mainmise sur les médicaments.