Obstacle n Le traitement de la douleur constitue une réelle problématique en raison d'une législation très complexe qui régit l'accès à ce genre de produits considérés comme étant des stupéfiants. Devant l'absence de centres anti-douleur, les spécialistes appellent à l'allégement de la législation. Les textes relatifs à la détention, à la prescription et à la délivrance des produits stupéfiants répondent, aujourd'hui, à des critères très stricts. Une réglementation qui pose problème aux patients dont la douleur ne cède pas aux traitements antalgiques mineurs. Pour mieux illustrer la souffrance de nombreux malades, le président de la société algérienne de pharmacie nous renvoie aux centres anti-cancéreux où «les médecins se limitent au traitement curatif sans aucune prise en charge concrète de la douleur». Invité, ce mercredi matin, sur les ondes de la chaîne III, Farid Benhameddine propose de suivre l'exemple des autres pays où «il existe des pompes à morphine à la disposition des malades qui, en fonction de l'intensité de la douleur, s'injectent de la morphine». Un procédé que M. Benhameddine souhaiterait voir se généraliser chez nous ou du moins dans «les centres où la douleur est subie d'une manière très intense». La douleur a de lourdes conséquences aussi bien sur le malade que sur son entourage. «Ce type de patient est généralement en cessation d'activité. Une situation jugée par sa famille comme une fatalité et une injustice en l'absence de toute marque de rédemption face à la douleur», a-t-il ajouté. Actuellement la réglementation ne prévoit que sept jours de traitement à base de morphine. «Le médecin n'a pas le droit de prescrire plus de sept jours de stupéfiants à un malade. Ce qui est valable aussi pour le pharmacien», relève M. Benhameddine. Pourtant, il existe de nombreuses nouvelles formes d'administration de ce produit. En effet, au-delà des injections, celui-ci peut être administré sous forme de comprimés ou de patch dont la durée d'action est de 72 h. la Société algérienne de pharmacie recommande dans ce cadre de passer à 28 jours au lieu de 7, assortis d'ordonnances sécurisées. Souvent assimilée à un stupéfiant, la morphine peut, en cas d'une mauvaise gestion, passer au trafic frauduleux d'où cette situation de crainte que les malades sont forcés de subir. Mais le problème de la prescription de la morphine ne se limite pas seulement à cette contrainte. Pour qu'un médecin puisse prescrire ce genre de traitement il doit impérativement passer par le ministère de la Santé pour l'obtention d'un carnet de souche dont le pharmacien doit avoir aussi une copie. «Le malade ne doit pas, en principe, souffrir de toutes ces lourdeurs administratives qui sont très contraignantes aussi bien pour le médecin que pour le pharmacien», affirme M. Benhameddine qui appelle à la mise en place de textes ou décrets qui accompagneraient la création de centres anti-douleur, avant de rendre hommage aux initiatives personnelles de certains médecins. «Ces centres peuvent, en premier lieu, être créés au niveau des CHU, puis des hôpitaux spécialisés et ce ne sont pas les propositions qui manquent car le travail a été fait», conclut-il.