La chaleur suffocante de ces derniers jours est sans doute la raison essentielle du retour des émigrés dans leurs pays d'accueil. Les émigrés s'en vont. A contre-coeur certainement. La coïncidence du mois de Ramadhan avec la saison estivale ne semble pas arranger les affaires de la communauté algérienne établie à l'étranger. La majorité d'entre eux ont préféré écourter leur séjour dans leur pays d'origine en préférant passer le mois du jeûne dans l'Hexagone. Les températures y sont plus clémentes, bien qu'avec le dérèglement climatique que connaît l'ensemble de la planète cela soit moins sûr. Une aubaine pour les transporteurs aériens. Selon le directeur général de la compagnie aérienne, Aigle Azur, Meziane Idjerouidene, les dates des retours se sont amplifiées cette année. «Cet été, les vagues de départ en vacances ont commencé début juin, alors que normalement, c'est plutôt vers les 23-25 juin, et le pic de retour se situe entre le 8 et le 10 août», a-t-il constaté, en rappelant que l'an dernier, le Ramadhan avait déjà un peu décalé les dates de retour, mais cette année le phénomène s'est amplifié. Ce constat a été même partagé par la société nationale maritime Corse Méditerranée (Sncm) qui dessert la Tunisie et l'Algérie. Cette dernière enregistre de «gros retours vers les 7-8 août, contrairement à d'habitude». Il convient de relever que les «contraintes» qui poussent les immigrés à rentrer dans leurs pays d'accueil ont fait l'objet d'analyses de la part de spécialistes. Pour le théologien, en l'occurrence, Michel Reeber, les raisons de ces retours en France sont expliquées par deux facteurs, et qui sont d'ordre «climatiques et de contrôle social». «Dans les pays musulmans, le contrôle social est plus fort. On est tenu à un certain nombre de règles, de pratiques religieuses. Ici, c'est beaucoup plus souple», atteste- t-il. Doria, 37 ans, mère de trois enfants, a décidé d'écourter ses vacances. Pourquoi? «Il fait trop chaud en août pour jeûner sur place. La fréquentation de la plage n'étant pas compatible avec le Ramadhan, il n'est pas possible d'y aller sans prendre le risque de se faire insulter ou carrément agresser. En plus, la cuisine prend beaucoup de temps avec tous les plats à faire. Du coup, on passe les journées à la maison», explique-t-elle alors qu'elle avait l'habitude de passer systématiquement ses vacances en Algérie. Cette assistante maternelle d'Aubervilliers, en banlieue nord de la capitale, préfère «passer le Ramadhan en France», où confie-t-elle, «je peux aller voir des concerts, prendre un thé en terrasse...». Nostalgique des «anciennes années» de Ramadhan au bled, Abdallah, un quinquagénaire parisien, y évoque l'ambiance de fête qui régnait jadis. «Le repas ressemblait chaque jour à une fête avec beaucoup de personnes autour de la table. Le soir, c'était de longues veillées», se souvient-il avec une pointe de nostalgie.