L'Egypte sera exclue du Salon international du livre d'Alger! Le commissaire du Sila, Smaïn Ameziane, l'affirme sans ambages. Les éditeurs égyptiens ne participeront pas à la 15e édition du Salon international du livre d'Alger qui se tiendra du 26 octobre au 6 novembre prochain. C'est ce qu'a confirmé Smaïn Ameziane, le commissaire du Sila, lors d'un point de presse improvisé, hier, à la Bibliothèque nationale d'Algérie à El Hamma. «Ma conscience ne me permet pas d'inviter les Egyptiens, aujourd'hui, bien que parmi eux, il y a des amis. C'est par respect au peuple algérien et aux gens qui ont été maltraités au Caire lors de la rencontre entre l'Equipe nationale de football et son homologue égyptienne que cette décision a été prise, le contraire aurait été de la pure provocation...», a tranché Smaïn Ameziane, avant d'ajouter sans hésitation aucune: «En tant que commissaire, je n'investirai pas un centime pour leur sécurité, ni à la sécurité de leurs biens.» Attisées par le douloureux épisode d'un match qualificatif à la Coupe du Monde des nations 2010, qui a opposé l'Algérie à l'Egypte, en novembre 2009, les vieilles querelles entre les deux pays ne seront pas enterrées de sitôt. En effet, après les séries qui ont été bannies de la Télévision algérienne, les films exclus des manifestations cinématographiques, c'est le livre égyptien qui ne sera pas exposé dans les stands du Sila cette année. Dans son intervention, M.Ameziane a précisé qu'il n'a reçu aucune instruction lui interdisant d'inviter des éditeurs égyptiens. «Le commissariat est souverain! Il invite qui il veut. Et quand vous n'êtes pas invité à une fête, vous n'allez pas vous imposer quand même», a-t-il lâché. De l'avis de certains observateurs, cette décision répond parfaitement aux aspirations des Algériens. Ces derniers, selon eux, ont été blessés dans leur amour propre en voyant leur emblème national brûlé et leurs martyrs injuriés. L'Union des éditeurs égyptiens aurait, selon M.Ameziane, envoyé un courrier il y a près d'un mois, pour s'inscrire à l'édition 2010 du Salon international du livre d'Alger. Cette demande est restée lettre morte. «Je n'ai pas répondu au courrier de l'Union des éditeurs égyptiens!», a-t-il indiqué. Le premier responsable du Sila affirmera, par la suite, ne pas tenir compte des réactions qu'avait suscité cette décision dans le milieu de l'édition en Egypte. Il y a près de deux jours, le président de l'Institution générale égyptienne du livre, Mohamed Saber Arab, dans une intervention au quotidien égyptien, El Yaoum 7 (Le septième jour) a déclaré que son pays tient toujours à participer à la 15e édition du Salon international du livre d'Alger. «Mohamed Saber Arab, le président de l'Institution générale égyptienne du livre, a déclaré que le ministère de la Culture égyptien veille sur sa participation, via l'Institution générale égyptienne du livre et la Maison du livre, au Salon international du livre d'Alger dans sa 15e édition qui se tiendra du 28 octobre au 6 novembre prochain», pouvait-on lire dans l'édition électronique de El Yaoum 7 datant du 7 août 2010. Mohamed Saber Arab a également exprimé son regret de voir l'Egypte exclue de ce grand rendez-vous de l'édition en Algérie. Il précisera, néanmoins, que l'Union des éditeurs arabes tiendra une réunion pour débattre de la question après avoir été saisie par l'Union des éditeurs égyptiens. Mais la chose ne semble pas mettre à mal la quiétude des organisateurs de ce rendez-vous culturel: «C'est le dernier de mes soucis. Je n'ai jamais eu affaire à cette institution. D'habitude, je travaille avec les Unions des éditeurs de chaque pays...», a lancé Smaïn Ameziane. «Les éditeurs égyptiens auraient pu réagir plus tôt... voire pendant les événements. Ce qu'on a vu dans tous les médias, ce sont des gens et des intellectuels qui nous ont traités de tous les noms. C'est pas nous qui avions allumé le feu. Pour ma part, je respecte mon peuple, je n'ai pas à le provoquer. Nos joueurs à l'étranger, c'est notre porte-drapeau, on a touché à un drapeau...», a-t-il fermement ajouté. Des écrivains et même certains éditeurs algériens ont, de leur côté, manifesté leur regret de voir ce conflit, sportif à l'origine, s'étendre à la culture. «En tant qu'écrivain, je suis contre le fait que l'Egypte ne soit pas invitée au Sila. Il y a eu certains problèmes entre les deux pays dont la cause directe était le football, mais je pense qu'il est temps de dépasser ces malentendus. Le livre ne doit pas payer le prix. On a combattu les Français, mais cela ne nous a pas empêchés de lire leurs livres», dira Bachir Mefti, un écrivain algérien.