Le 7e Sila a mis à nu les mésententes entre les professionnels du livre. Depuis quelque temps les professionnels du livre algériens parlent de «tension visible» entre les éditeurs et les importateurs diffuseurs. Une tension perceptible lors de la conférence animée à l'hôtel Hilton en marge du Salon international du livre, où éditeurs, libraires et importateurs ont pris la parole pour mettre en exergue leur conception de la pratique et de la promotion du livre. Interpellés à ce sujet, des éditeurs, à l'instar d'Abdallah Benadouda, chargé de la communication auprès de Chihab Editions, nieront l'existence d'un quelconque problème entre les deux parties, et estiment qu'il s'agit plutôt d'une non-entente entre les éditeurs algériens en général avec le seul et unique importateur Omega, «Il n'y a aucune tension entre nous, bien au contraire le travail de l'édition et l'importation se complètent. Et si nous faisons des critiques, de temps à autre, c'est dans le but de combattre les charlatans. Le directeur d'Omega est le seul à avoir évoqué le problème entre les deux parties». Sofiane Hadjaj, le responsable des Editions Barzakh, évitera de s'étaler sur la question et se contentera d'affirmer: «Nous n'avons aucun problème avec les importateurs.» Les Editions Marsa, par la voix de leur représentante Naïma Beldjoud, estiment, quant à elles, que «le problème se pose au niveau des librairies qui préfèrent de loin le livre importé au livre national. A mon avis il faut protéger l'édition nationale par un soutien plus concret, car cette dernière prend des risques en publiant le théâtre, la poésie et le roman». Les libraires, quant à eux, expliquent ces divergences par une concurrence illogique, car, selon eux, «en aucun cas ces deux organisations ne doivent se confronter, leur travail est complémentaire, car tous deux activent dans l'intérêt du lecteur. Les créneaux ne manquent pas, notamment pour les importateurs, dont la mission demeure l'importation de livres que l'édition nationale n'est pas en mesure, présentement de produire», déclare un libraire. M.Hanachi, libraire à Constantine, parle de concurrence déloyale entre importateurs et libraires: «L'importateur ramène son stock et plutôt que de le rétrocéder aux libraires, les actuelles dispositions lui permettent de le céder aux institution telles que les hôpitaux, les universités, etc. cassant, au passage, les prix en vigueur.» Il ajoute: «Sans lois, et sans politique du livre il ne fait pas de doute que les choses ne peuvent s'améliorer.» Le représentant de la librairie Ijtihad affirme, pour sa part: «En ce qui me concerne la concurrence est née l'année dernière quand les législateurs ont décidé d'exonérer la taxe du livre importé seulement.» De leur côté, les importateurs évoquent un travail différent de celui des éditeurs. M.Bouanane, directeur général d'Omega, explique son point de vue à propos de l'édition nationale. «Nous ne cherchons pas à nous disputer ni quoi que ce soit, ce qu'on voudrait dire, c'est de pouvoir travailler tranquillement», et sur le problème des libraires, il dira: «Moi j'ai un stock d'un tas de livres, si le libraire ne prend pas le risque de l'acheter, je serai bien obligé d'essayer de vendre le maximum, aussi est-il temps pour eux de retrousser les manches et de travailler.» Tout le monde s'accorde cependant à dire que ces problèmes n'ont pas lieu d'être, et que de simples lois gérant l'industrie du livre pourront tout changer et arranger les choses. Pour finir il est à signaler que les deux protagonistes expriment «une volonté de s'asseoir autour d'une table pour apprendre à se connaître l'un l'autre, à communiquer et, pourquoi pas, à régler les désaccords existants». Alors messieurs, n'attendez plus et surprenez-nous.