L'Algérie assurera la production de 70% de ses médicaments dans les cinq prochaines années. L'autosuffisance en médicaments pour l'Algérie, mirage ou réalité? En tout cas, c'est la promesse faite, jeudi, par Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, lors d'une visite d'inspection et de travail. Mieux, il a déclaré que l'Algérie assurera son autosuffisance à hauteur de 70%, dans les cinq prochaines années. L'Etat a les moyens d'atteindre cet objectif. Et c'est encore M.Ould Abbès qui l'affirme à partir de Constantine. «Le ministère a les moyens de sa politique», a-t-il soutenu. Les outils de sa concrétisation ne constituent pas une préoccupation pour le ministre. Ce dernier assure qu'il sont déjà mis en place. Ils seront exposés lors de l'audition du premier responsable du secteur par le président de la République, audition qui aura lieu cette semaine. Autre nouveauté: l'Etat envisagerait d'interrompre l'importation des médicaments. Sur ce point également, le ministre n'est pas allé par trente-six chemins. «L'Etat est disposé à interrompre carrément l'importation des médicaments si les unités algériennes de production pharmaceutique s'engageaient sérieusement à garantir une autosuffisance en la matière», a-t-il enchaîné. En d'autres termes, le ministre renvoie la balle aux groupes pharmaceutiques nationaux. Ces derniers sont appelés à améliorer leur productivité. Surtout que le médicament est «un produit de sécurité nationale», comme l'a précisé M.Ould Abbès. Qui dit sécurité nationale dit souveraineté. Pour cela, le ministre a jugé nécessaire d'expliquer que l'importation de médicaments constitue une réelle menace pour la nation. «L'autosuffisance en médicaments y va de la stabilité politique du pays.» Parole de ministre et acte de médecin. Lors de sa visite, Djamel Ould Abbès s'est rendu à l'Unité de production d'insuline, relevant du groupe Saidal, sise à la Zone industrielle de Constantine. Sur les lieux, il a réclamé aux responsables de l'unité un rapport technique sur ses compétences et capacités d'augmenter sa production. Pour le ministre, l'impératif est de réduire sensiblement l'importation de ce médicament destiné aux malades atteints du diabète. «L'Etat est déterminé à assister et encourager tous les opérateurs, désirant s'investir dans ce créneau», a insisté le ministre. La production de l'insuline requiert une importance stratégique pour l'Etat. Sur ce point, le premier responsable du secteur de la santé a été catégorique. Il est inconcevable, selon lui, de voir des unités de production, comme celle de Constantine, succomber sous l'effet de la concurrence. «Il faut aller chercher le marché et s'imposer», a-t-il lancé aux responsables concernés. Le ministre mise sur l'amélioration de la production locale pour extirper le marché national de la dépendance des multinationales pharmaceutiques. Pour cela, les autorités comptent booster la production du médicament générique. Preuve en est, le ministre a effectué une visite au siège du groupe Zedpharm, une unité privée de production de médicaments génériques. Il a appelé les responsables de cette unité à s'ouvrir sur les pays frères et amis pour acquérir l'expérience nécessaire. Cela dit, le ministre s'est rendu à l'hôpital militaire Didouche-Mourad. A son arrivée, il a présidé une cérémonie de retrocession de l'ancien hôpital militaire sis à Didouche Mourad au profit du secteur public. Lors de cette cérémonie, les représentants du ministre de la Défense ont remis les clés de cette infrastructure à leurs homologues du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Cette infrastructure sera convertie en un centre hospitalo-universitaire. Pour la réalisation de ce projet, le ministère a octroyé une enveloppe de 350 millions de dinars qui couvrira les travaux de réhabilitation ainsi que l'équipement de cette infrastructure en matériel médical nécessaire à son fonctionnement. «Le centre hospitalo-universitaire sera livré fin 2010», a déclaré le ministre.