Si l'on croit la chaîne satellitaire Al Arabya, l'organisation terroriste Al Qaîda aurait déjà encaissé une somme de 2 à 5 millions d'euros. La libération des deux otages espagnols détenus par un des groupes d'Al Qaîda au Maghreb islamique depuis le 29 novembre 2009, intervient une semaine après l'extradition par la Mauritanie vers le Mali, son pays d'origine, du terroriste Omar le Sahraoui. Ce dernier est l'un des principaux auteurs du rapt considéré, condamné par la justice malienne à 12 ans de prison assortis de travaux forcés. Ce dénouement a lieu, environ deux semaines après l'échec total du raid opéré par un commando français en territoire malien et l'exécution de l'otage français dans des circonstances qui restent obscures. Le Mali affirme avoir suivi minute par minute le processus de libération des otages espagnols (Roque Pascual et Albert Vilalta) en ouvrant un couloir humanitaire sécurisé pour la réussite de l'opération, a déclaré un officiel malien qui a requis l'anonymat. Il n'a pas précisé par où passait ce couloir ni où les otages libérés étaient attendus. Dans quelles conditions ont été libérés les deux otages Espagnols? Pour le moment, plusieurs versions circulent dans les milieux sécuritaires. De toute évidence, l'hypothèse du paiement de la rançon est la plus retenue. Dès le mois de mars 2009, un quotidien espagnol évoque l'éventualité du paiement d'une rançon de deux millions de dollars. Dans le même temps, Al Qaîda au Maghreb islamique fait monter les enchères et demande au gouvernement espagnol, la somme de cinq millions de dollars ainsi que la libération d'islamistes incarcérés en Mauritanie, en échange de celle des deux otages, rapportait le quotidien espagnol El Pais en mars dernier. Au sujet du versement d'une éventuelle rançon, le ministre malien a déclaré: «Nous ne nous sentons pas concernés.» Une attitude plus ou moins obscure qui n'ôte pas le doute sur un «marché» qui rapporte des dizaines de millions à une organisation terroriste en voie de dicter sa loi dans la région du Sahel. Dire aujourd'hui que le renvoi de Mauritanie du terroriste Omar le Sahraoui est lié au dossier de libération des deux Espagnols paraît superficiel et sans fondement. Des sources concordantes privilégient l'hypothèse du paiement de la rançon réclamée par Al Qaîda qui affirme que l'argent a été remis par le médiateur, Mustapha Ould Limam Chafi, à Mokhtar Belmokhtar, chef du groupe qui détenait les Espagnols. Dans ce jeu trouble où il est question de millions, l'Algérie ne cesse de mettre en garde contre cette manière d'agir adoptée par certains pays occidentaux. Encouragés par cette facilité déconcertante de payer, les terroristes d'Al Qaïda ont multiplié les enlèvements depuis plus de sept ans. Le versement des rançons et la libération des leurs ne peuvent que les encourager davantage. C'est ce que veut éviter l'Algérie en appelant l'ensemble des pays de la région à une plus grande concertation face a ce phénomène.