Scène n Le marché informel de la rue de la Paix, au centre-ville de Tizi Ouzou, grouille de monde. Derrière des étals de fortune, des vendeurs illicites proposent des fruits et des herbes aromatiques. Une foule importante s'y rend quotidiennement pour faire ses achats, car les prix sont nettement inférieurs à ceux pratiqués par les titulaires de registres du commerce. En ce mois de ramadan, d'autres vendeurs se sont installés tout au long de la rue. Ce qui attire l'attention est la présence de nombreux enfants qui proposent des diouls, des herbes aromatiques, des galettes traditionnelles, des figues de barbarie et des préparations pour flan. Massi, un enfant de 16 ans qui vend de la galette explique que c'est sa mère qui la prépare à la maison : «Elle se lève tôt le matin et prépare une vingtaine de galettes chaque jour et moi, je me charge de les vendre. Et comme c'est du bon pain, je vends tout avant midi.» Notre jeune interlocuteur ajoute que son frère s'est installé au niveau du marché couvert pour vendre des herbes aromatiques et des épinards. Sa mère, dit-il, a pensé à tout avant le ramadan. «Elle a semé du persil et de la coriandre et entretenu la menthe que nous avons dans notre jardin. Ainsi avec la galette nous avons un revenu régulier pour passer un ramadan décent», se réjouit Massi. Près de lui, un enfant vend des griouèches, un gâteau particulièrement apprécié durant le ramadan. Emballé dans des assiettes jetables et recouvertes d'un papier film, le produit est cédé à 100 DA l'unité. C'est sa sœur qui les prépare, dit-il. Cela permet de soulager un peu le budget familial, car ces gâteaux se vendent très bien. Des enfants comme Massi sont nombreux dans les rues de Tizi Ouzou. Ils contribuent au budget familial comme ils peuvent. Comme quoi, avec la flambée des prix, c'est tout le monde qui doit mettre la main à la pâte pour assurer la chorba du soir… Si les galettes de Massi se vendent bien, ce n'est pas le cas du poisson qui voit sa cote baisser à chaque ramadan. Les citoyens achètent beaucoup plus les viandes rouges ce qui les détourne des produits de la mer. De ce fait, le poisson reste sur les étals parfois jusqu'à 15h 30, faisant fi de la décision interdisant la vente du poisson au-delà de 10h. Les prix pratiqués le matin baissent presque de moitié et la marchandise finit par être bradée vers 15h. Les bas prix pratiqués en début d'après-midi attirent des consommateurs non avertis du danger que peut représenter la consommation d'un produit avarié. Un pêcheur affirme que certains produits, tels que la crevette, ne sont pas frais et proviennent de Boumerdès et d'Alger. C'est, en fait, la marchandise qui n'a pu être écoulée au niveau de ces deux wilayas qui est proposée le lendemain aux consommateurs de Tizi ouzou. Certains vendeurs proposent même du poisson d'eau douce comme des produits de la mer et les écoulent au même prix. A ces tromperies s'ajoutent les mauvaises conditions de vente où aucune norme d'hygiène n'est respectée. Le poisson est exposé dans des caisses à même la chaussée. En effet, la wilaya de Tizi Ouzou ne dispose pas de poissonnerie et la promesse d'en construire une n'a jamais été tenue…