La Commission contre le racisme et l'intolérance épingle pour la seconde fois en deux mois la politique menée par Sarkozy en matière de respect du droit de la personne. Après avoir été passé à la moulinette par le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU les 11 et 12 août à Genève, c'était au tour de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance, constituée d'un collège d'experts des 47 Etats membres, de mettre en garde, mardi, le gouvernement français contre une stigmatisation des Roms. «Ces dernières semaines, des déclarations politiques de responsables de haut rang ainsi que des actions menées par le gouvernement ont stigmatisé les Roms migrants», a déclaré le collège d'experts des 47 Etats membres de l'Union européenne. «L'antitsiganisme, qui constitue une forme particulière du racisme, devrait être combattu de manière efficace dans tous les pays européens», a recommandé l'Ecri. La patrie des droits de l'homme est en train de se tailler une réputation sans précédent: la France renvoie l'image d'un pays intolérant qui fait la part belle aux idées xénophobes et racistes. Ses responsables politiques sont les premiers à être pointés du doigt. C'est ce que met en évidence un précédent rapport de l'Ecri (la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance) sur la France, adopté le 29 avril 2010: «Plusieurs propos tenus notamment sur les questions d'immigration et d'intégration par des responsables politiques, y compris par des élus et des membres du gouvernement, ont été ressentis comme encourageant l'expression du racisme et particulièrement de la xénophobie.» Pour rappel, lors de l'université d'été de l'UMP, qui s'était tenue le 5 septembre à Seignosse dans les Landes, en présence de Jean-François Copé, président du groupe de l'Union pour un mouvement populaire, Brice Hortefeux s'était «gaussé» de l'origine arabe d'un jeune militant UMP, d'origine maghrébine. «Il ne correspond pas du tout au prototype. Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C'est quand il y en a beaucoup que cela pose des problèmes», avait déclaré le ministre de l'Intérieur. Par ailleurs, les rédacteurs du document ont tenu à souligner le rôle joué par une certaine presse de l'Hexagone dans le développement de ces réflexes: «Certains médias français véhiculent parfois des préjugés et stéréotypes racistes. Selon plusieurs sources, la situation est préoccupante en France en ce qui concerne le racisme sur Internet», puis ils mettent l'accent sur les populations ciblées, victimes de ces comportements: «On note en France une persistance d'attaques verbales ou physiques dirigées contre des personnes musulmanes et d'attaques contre des mosquées et des tombes musulmanes, et une certaine méfiance à l'égard des musulmans continue d'exister dans une partie du grand public», peut on lire dans le document publié le 15 juin 2010 qui fait ressentir la préoccupation de la Commission européenne contre le racisme et l'intolérance quant au traitement subi par les gens du voyage et les Roms. «Les gens du voyage, ressortissants français, et les Roms venant des pays d'Europe centrale et orientale continuent de souffrir d'un climat d'opinion, généralement hostile, y compris de préjugés racistes.» Autant de mises en garde qui sonnent comme des désaveux au sein du propre camp de Nicolas Sarkozy. Jean-Pierre Raffarin a dénoncé «une dérive droitière» de l'UMP, mardi, sur les ondes de RMC. «J'ai le sentiment qu'il y a à l'UMP une course à droite qui risque de la déséquilibrer. J'attends du Premier ministre, chef de la majorité, qu'il prenne la parole pour expliquer les valeurs d'équilibre d'une majorité qui doit avancer avec son cerveau droit mais aussi son cerveau gauche», a fait remarquer l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac et actuel vice-président de l'UMP. Nicolas Sarkozy redressera t-il la barre? Il est fort à parier que ne possédant plus de marge de manoeuvre, il ne fera pas machine arrière, au mieux, il tentera de calmer le jeu.