Ce retour du «dossier Hasseni» coïncide avec la publication, dans l'édition d'hier du journal Le Figaro, d'un long dossier sur les moines de Tibhirine. Encore un autre subterfuge de la justice française pour enfoncer le diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni. Cette fois-ci il s'agit d'une histoire d'écoutes téléphoniques versées au dossier d'instruction en décembre 2009 dont le site Rue89 a eu connaissance. Cet autre louvoiement pourrait empêcher qu'un non-lieu blanchisse définitivement le diplomate algérien, le 31 août prochain, jour où les juges français devraient se prononcer sur son sort. Arrêté, en août 2008, à l'aéroport de Marseille, par la police française pour complicité dans l'assassinat, en 1987, de l'avocat Ali Mecili, le diplomate algérien Mohamed Ziane Hasseni n'a cessé depuis de clamer son innocence dans cette affaire. Le gouvernement algérien avait vivement protesté affirmant qu'il s'agit d'une erreur d'homonymie. Ce nouveau rebondissement dans cette affaire ne fera que relancer la crise diplomatique entre Alger et Paris. D'autant que cette affaire coïncide avec la publication, dans l'édition d'hier du journal de droite le Figaro, d'un long dossier sur une autre affaire qui empoisonne les relations entre les deux pays: les moines de Tibhirine. Pourquoi ressasser ces deux dossiers en ces moments précis? Il est clair maintenant qu'il existe un lobby qui s'oppose à la reprise des relations entre les deux pays. Les observateurs estiment que la réapparition de ces dossiers en ce moment précis, n'ont d'autre but que de court-circuiter la reprise des relations amorcées notamment par la visite du secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant à Alger en juin dernier. Au moment où elle s'applique à une politique d'austérité pour contrer l'expansion d'une crise qui a failli emporter toute l'Europe, la France peut-elle se permettre le luxe de laisser filer des niches financières? Il y a de la place pour la France dans le marché algérien qui pèse 286 milliards de dollars au titre du plan quinquennal. C'est un fait défendu par des arguments inattaquables. Il y a des liens historiques qu'entretient une communauté de plus de trois millions de personnes, la langue, la proximité et le made in France incontestable en Algérie. Passons sur les dossiers comme l'affaire du diplomate Hasseni, celui concernant l'assassinat des sept moines de Tibhirine en 1996 et la liste de «pays à risques» concernant les transports aériens. Depuis trois ans, la machine des relations entre Alger et Paris s'est grippée et les griefs se sont accumulés. L'Algérie a toujours déploré les errements diplomatiques et politiques du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, de son homologue de l'Intérieur, Brice Hortefeux, et celui de l'Immigration et l'Identité nationale, Eric Besson. Il est certain que ces trois représentants du gouvernement français ont été pour beaucoup dans la dégradation des relations entre Alger et Paris.