Ce nouveau carnage soulève d'autres craintes. Douar Djebaïlia, dans la commune de Oued Chorfa est un hameau perdu entre Médéa et Aïn Defla. A partir de Médéa, on y accède par Ouamri, sur les hauteurs Est de Djendel. C'est dire la topographie à risque du lieu du massacre d'avant-hier. Le groupe terroriste dont le nombre reste indéfini (huit selon des «témoignages imprécis») a investi le village, plongé dans l'obscurité, peu avant minuit. Deux familles, les Tabrous et les Yahiaoui, avaient été ciblées. Le carnage ne durera pas plus de dix minutes, et fit treize tués, un enfant grièvement blessé et une femme enlevée. Parmi les personnes assassinées, un vieillard de plus de 90 ans, huit jeunes filles, âgées entre 17 et 23 ans, et quatre hommes. D'après les informations recueillies auprès des habitants de la région, il y a certains hommes qui habitent près des lieux du carnage, mais qui n'ont pas usé de leurs armes. Comme il convient de signaler que le douar Djebaïlia est situé non loin du barrage du Ghrib, sur lequel «travaillent des étrangers, hyper-protégés, eux», constate un des habitants de Djebaïlia. Le GIA, en phase finale de décomposition, reste cependant nuisible, meurtrier et imprévisible, notamment à l'approche des élections, comme c'est le cas aujourd'hui. Sans attirer les feux des militaires, ni occuper le devant de la scène, comme ce fut le cas auparavant, presque sur la pointe des pieds, le GIA retrouve ses réflexes sanguinaires et se réinstalle sournoisement dans le quotidien, malgré une pression des plus vigoureuses de la part de l'armée. Le démantèlement de groupes affiliés au GIA ou au Gspc dans la capitale et sa proche périphérie a été à ce point euphorique pour faire oublier que les groupes armés ont des ramifications beaucoup plus importantes que ne le laisse supposer l'action armée visible.Les massacres ont continué à être perpétrés à Aïn Defla, Chlef, Relizane et Khemis Miliana «sans faire de bruit», durant tout l'été, sans qu'on y prête une attention particulière. Le 28 septembre, sept personnes avaient été tuées à Ammi Moussa, dans la wilaya de Relizane, portant le nombre de tués à 1060 depuis le début de l'année et à plus de cent pour le seul mois de septembre. Rappelons que le lieu du carnage situé «à cheval» entre Médéa et Miliana était, par le passé, une zone de transit du Gspd (Groupe salafiste pour la prédication et le djihad) de Abdelkader Saouane avant sa mort (d'une hyperglycémie). Par la suite, on ne sait, en l'absence d'un chef charismatique, si ce groupe a réintégré le GIA local ou s'est dispersé dans la nature par petits groupes, comme soutenu par beaucoup d'observateurs de la région de Derrag, ex-fief de l'émir du Gspd. La mécanique de feu du GIA a-t-elle redémarré? Il faut rester attentif à l'évolution des choses pour le confirmer.