La LFC 2010 instaure dans le cahier des charges d'offres international l'obligation d'investir en Algérie pour les étrangers. Le gouvernement ne fera pas de cadeau aux étrangers. L'octroi des marchés publics ne se fera pas sans contrepartie. Les contrats seront soumis à la condition d'investir en Algérie. Désormais, le gouvernement appliquera la règle du donnant-donnant. C'est ce que prévoit la loi de finances complémentaire 2010, publiée lundi dernier au Journal officiel. Cette nouvelle mesure ne sera pas du goût des opérateurs étrangers. Ces derniers n'auront plus la tâche facile pour contracter des marchés en Algérie. Pour décrocher un contrat public, ils devront s'engager, à l'avenir, dans un partenariat avec un opérateur national. Ainsi, le gouvernement renforce sa politique de patriotisme économique. Selon un article de la LFC 2010, les cahiers des charges des appels d'offres internationaux «doivent prévoir l'obligation, pour les soumissionnaires étrangers, d'investir dans le cadre d'un partenariat, dans le même domaine d'activité, avec une entreprise de droit algérien, dont le capital est détenu majoritairement par des nationaux résidents». Cette nouvelle mesure vient compléter les dispositions prises par la LFC 2009 entre autres, celle fixant la participation étrangère à 49% du capital et 51% pour l'opérateur national. L'Algérie ne sera plus la vache à lait pour les étrangers. Avec le lancement du programme quinquennal, doté d'un budget de 286 milliards de dollars, le gouvernement comptera au centime près ses sous. Ayant constaté l'insuffisance des IDE en Algérie durant ces dernières années, le gouvernement a encore durci son dispositif envers les opérateurs étrangers. Sachant que les opérateurs étrangers vont se bousculer au portillon pour décrocher des marchés dans le nouveau programme quinquennal, le gouvernement a pris d'avance ses précautions. Il faut reconnaître que plusieurs opérateurs étrangers ont obtenu des marchés juteux sans pour autant investir un sou ni au moins participer au transfert de technologie. Irrité par ce constat, le gouvernement veut, à travers cette nouvelle mesure, éclaircir les choses et mettre fin à une anomalie qui a fait que les entreprises étrangères obtenaient des gros contrats publics en Algérie, sans aucune obligation d'investir ou d'effectuer un transfert de savoir-faire. La réglementation algérienne est la seule au monde qui ouvre l'accès libre aux étrangers pour développer des projets financés par l'Etat, sans qu'ils soient contraints d'y délocaliser une partie de leurs activités. Il y a lieu de souligner que trois plans d'investissements publics d'un montant global de 450 milliards de dollars ont été lancés depuis 2001. Les groupes chinois et européens se sont taillé la part du lion dans ces marchés sans pour autant engager de gros investissements. D'où la sévère réaction du gouvernement. Ce dernier a interpellé, à plusieurs reprises, les investisseurs étrangers pour qu'ils s'impliquent réellement dans le développement économique du pays. L'Algérie a même reproché à l'Union européenne de n'avoir pas respecté son engagement quant au développement des investissements en Algérie. En exigeant la révision de l'Accord d'association avec l'Union européenne, le gouvernement a plaidé pour un partenariat gagnant-gagnant. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a dressé, lors de la dernière rencontre à Bruxelles, un bilan globalement négatif pour l'Algérie depuis l'entrée en vigueur de l'Accord d'association conclu en 2005. La vente de la cimenterie de M'sila au groupe Lafarge, le transfert de milliards de dollars de dividendes par les opérateurs étrangers sont les éléments qui ont poussé le gouvernement à prendre des mesures économiques rigoureuses. «Nous n'allons pas faire marche arrière», a déclaré avec fermeté M.Ouyahia, en réponse aux opérateurs étrangers qui contestaient la LFC 2009. «L'Algérie n'est pas un marché», a-t-il affirmé lors de l'ouverture de la session d'automne 2009. «Les mesures ayant trait à l'investissement en Algérie seront renforcées à chaque fois que le besoin se fait sentir»,a-t-il martelé en s'adressant aux étrangers. Nul n'ignore que les mesures entreprises dans la LFC 2009 ont provoqué de vives tensions chez les opérateurs étrangers. Pour rappel, la première ayant trait à l'obligation faite aux sociétés d'importation étrangères activant en Algérie d'associer un partenaire économique algérien à hauteur de 30% dans le capital du projet. Et la seconde concerne le transfert des capitaux.