Ni l'actualité brûlante marquée par la flambée des prix ni la loi de finances complémentaire 2010 n'ont réussi à capter l'intérêt des formations politiques durant ce mois sacré. La scène politique a été complètement désertée en ce mois sacré. Ni meeting ni conférence de presse, les partis ont baissé le rideau très bas. Ces derniers ne sont même pas sortis chez eux, ne serait-ce un week-end pour voir ce qui se passe autour d'eux. Le mois de jeûne a, apparemment, hypnotisé les esprits rendant la scène politique sans âme. Seuls le FLN et le PT ont assuré un service minimum durant ce mois. M.Belkhadem et Mme Hanoune ont limité leurs activités à celle de l'organique. Les autres courants n'ont donné aucun signe de vie depuis le début du mois sacré. Pourquoi ce silence radio? Les partis n'ont-ils pas trouvé matière à traiter? Pourtant, c'est loin d'être le cas. La réalité offre un éventail bien garni de sujets à traiter. La question du pouvoir d'achat a, elle seule, dominé l'actualité nationale durant ce Ramadhan sans pour autant interpeller la conscience des politiques. Pis encore. A la veille de la rentrée sociale, la classe politique sombre dans une léthargie laissant le citoyen livré à lui-même. Ce qui confirme une fois de plus que les partis ne sont plus sensibles aux préoccupations de la population affaiblie par la succession des dépenses. Jamais les familles n'ont été autant fragilisées, les vacances, les fêtes, le Ramadhan et la rentrée scolaire; les événements divers défilant l'un derrière l'autre mettant le portefeuille à rude épreuve. Laminés par les charges, les citoyens n'ont trouvé personne pour les défendre. Ce n'est pas tout. Même la loi de finances complémentaire 2010, qui vient d'être promulguée, n'a pas capté l'intérêt de ces partis. Certains se sont juste contentés de pondre un communiqué pour saluer l'orientation du gouvernement sans rentrer dans les détails, à l'image du RND. Alors qu'il s'agit de mesures très importantes dans le processus du développement économique national, en vain! Ce silence donne sérieusement à réfléchir sur le rôle des partis en Algérie. Censés soutenir les citoyens et interpeller les pouvoirs publics sur les différents problèmes sociaux, les formations politiques n'ont pas jugé utile d'investir le terrain. Evidemment, la conjoncture ne vaut pas la peine de se bousculer. Ce qui laisse à dire que, mis à part les rendez-vous électoraux durant lesquels la scène politique s'anime, aucune autre activité ou événement ne les attire. Ce n'est pas une illusion, mais une réalité; le divorce entre les partis et les citoyens se confirme davantage. Sachant que le rendez-vous des législatives de 2012 est encore loin, les forces politiques se confinent dans leur sommeil préservant ainsi leurs énergies en attendant d'entamer la bataille électorale. A ce moment-là, même les partis «sanafirs» sortiront du tiroir pour décrocher au moins un siège au sein de l'Assemblée populaire nationale. Mais pour le moment, il n'est pas urgent de se rapprocher des populations. Il reste encore plus de 13 mois pour les législatives de 2012 et près de 20 mois pour les locales. Une fois ce délai passé, les partis iront en masse à la recherche des voix pour les cautionner et élargir leurs quotas respectifs au Parlement. Il faut reconnaître que même avant le Ramadhan, l'activité politique était timide. Celle-ci a été marquée essentiellement par des rencontres organiques et des universités d'été, alors que des scandales ont défrayé la chronique nationale, pendant que les partis sont restés spectateurs. Certains d'entre eux se sont tout juste contentés de dénoncer sans pour autant aller loin, et exiger du gouvernement de faire la lumière sur le détournement des sommes estimées en milliards de dollars. L'autoroute Est-Ouest, Sonatrach, sont deux grands scandales qui ont provoqué l'hémorragie de l'économie nationale. Ainsi, la classe politique est bien passée à côté de la plaque.