Christian Cambon, sénateur du groupe UMP, a réitéré le soutien de la France au projet marocain d'autonomie pour le Sahara occidental. De son côté, le quotidien américain The New York Times, dans une chronique animée par Nicholas D. Kristof, a estimé que le Maroc occupe illégalement le Sahara occidental et pille ses ressources naturelles. Le journaliste compare l'occupation marocaine du Sahara occidental à l'occupation israélienne des terres palestiniennes. Une position qui tranche avec celle de la délégation conduite par le sénateur français du parti de l'Union pour un mouvement populaire. En effet, à la tête d'une dizaine de sénateurs, pour une visite de deux jours (du 15 au 17 septembre) dans les territoires occupés, l'élu du Val-de-Marne au Palais du Luxembourg a déclaré, dans un entretien à la MAP, l'agence de presse officielle du royaume, que l'objectif de ce voyage consiste à «réaffirmer le soutien de la France au projet d'autonomie marocain pour le Sahara». Il a ajouté en substance que cette visite «permettra de mieux cerner la proposition marocaine d'autonomie et donnera l'occasion pour les sénateurs de réaffirmer le soutien officiel de la France à cette initiative saluée par la communauté internationale comme étant sérieuse et crédible», a rapporté la presse marocaine. Cette sortie médiatique tend à compliquer davantage la mission du représentant personnel du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. En effet, dans une lettre adressée, au mois de juin, aux principaux pays (Etats-Unis, Russie, Grande-Bretagne, Espagne et France) qui suivent de près la question du Sahara occidental, Christopher Ross leur a fait remarquer que «le statu quo est inacceptable à long terme». Il met particulièrement en exergue dans sa missive l'intransigeance dont font preuve les autorités marocaines qui ne jurent plus que par leur proposition de large autonomie. Paris y a-t-il vu une faille pour forcer Christopher Ross à jeter l'éponge? Le choix porté par Ban Ki-moon sur le diplomate américain pour la mise en oeuvre d'un référendum d'autodétermination qui permettrait au peuple sahraoui de se prononcer librement quant à son avenir, en remplacement de Peter Van Walsum son prédécesseur, n'a pas été vu d'un bon oeil du côté de Rabat. Au contraire du Front Polisario qui avait accueilli avec soulagement sa nomination, après avoir réclamé le départ du diplomate néerlandais qui avait malencontreusement déclaré que l'indépendance du Sahara occidental était «irréaliste». Une théorie que semble vouloir déterrer le gouvernement français qui soutient ouvertement la position marocaine. «La France, comme d'ailleurs le Conseil de sécurité, juge intéressante la proposition marocaine qui mérite d'être discutée», avait insinué le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, dans une interview tendancieuse, au magazine Jeune Afrique au mois de mars 2009. Une déclaration qui a été renforcée par celle du Premier ministre français lors d'une conférence de presse qui a clôturé les travaux de la 10e Réunion de haut niveau franco-marocaine à Paris au mois de juillet dernier. «Cette proposition d'autonomie constitue la base la plus pertinente pour sortir de l'impasse. La France encourage les négociations autour de la proposition marocaine...», avait réaffirmé François Fillon. La France, qui est empêtrée comme jamais dans l'affaire des expulsions des Roms et qui continue de faire la sourde oreille aux condamnations des instances européennes et internationales, n'entendra certainement pas non plus les cris des prisonniers politiques sahraouis emprisonnés depuis le mois d'octobre dernier après leur retour d'une visite des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf. «Nous demandons à Votre Excellence de bien vouloir intervenir auprès du gouvernement marocain pour nous garantir, sans plus tarder, un jugement équitable en présence d'observateurs internationaux ou nous libérer ainsi que tous les défenseurs sahraouis des droits de l'homme et les prisonniers d'opinion dans les prisons marocaines», ont écrit les militants sahraouis des droits de l'homme, détenus à la prison de Salé depuis près d'une année sans aucune autre forme de procès, dans une lettre adressée au président du Parlement européen. Les sénateurs français présents sur le sol marocain entendront-ils leur appel? Pas sûr du tout. La capitale française est préoccupée par autre chose que le respect des droits humains.