Le chirurgien lui a enlevé le cristallin opaque pour le remplacer par un autre artificiel acheté à 17.000 DA. Ahlem, une jeune maman de 21 ans, vient de recouvrer la vue suite à une opération chirurgicale à l'hôpital de Béni Messous (Alger), deux ans après avoir été atteinte d'une inflammation grave qui l'a plongée dans l'obscurité totale. Ahlem Benyatou, mère d'un enfant de 11 mois et habitant à Chlef, renaît de nouveau. Son bébé dans ses bras, raconte que dès qu'on lui retira les pansements, elle fut impressionnée par le vert des arbres et par la beauté de ce qui l'entourait. Maintenant qu'elle voit de nouveau, elle espère pouvoir s'occuper de son fils qu'elle n'a pas vu naître. «Lorsque mon bébé commença à ramper, je devais lui attacher une clochette au pied pour pouvoir le surveiller. Je pensais, alors, que je demeurerais dans le noir à vie. Personne ne croyait plus à ma guérison», dit-elle en sanglots. «Mais j'ai énormément foi en Dieu, et j'ai fait confiance à l'équipe médicale du CHU de Béni Messous qui m'a remonté le moral et beaucoup soutenue, notamment la responsable de l'unité service femmes, Hamida Khelifa.» Depuis qu'elle voit à nouveau, Ahlem est une source de fierté pour le staff médical, qu'elle motive, et une bénédiction pour les patients qu'elle encourage et soutient avant les opérations. «C'est grâce à la persévérance de mon père, qui a tout fait pour que je guérisse et à l'assistance, sans faille, de l'équipe du service ophtalmologique du CHU de Béni Messous que j'ai recouvert l'usage de mes yeux après deux années de cécité», confie-t-elle avec émotion. Pour Ahlem, ces deux années avaient été les plus terribles de sa vie. Sa maladie se déclara en juillet 2008. Elle commençait d'abord à voir flou et son médecin lui prescrivit alors des médicaments qui lui avaient permis de reprendre progressivement une vision normale. Mais le problème ressurgit deux autres fois et une troisième, la plus grave, 4 mois après son mariage. Par peur de se voir rejetée par sa belle-famille, elle n'osa pas dévoiler son mal. Mais sa vue baissa sensiblement jusqu'à ne plus pouvoir distinguer les choses. Son père, Mohamed, qui accompagna sa fille au CHU pour un contrôle, raconte qu'il n'a cessé, depuis le début de cette tragédie, de frapper à toutes les portes à Chlef et à Oran. «Elle consulta certains praticiens qui ne semblaient pas préoccupés par son sort, ni véritablement inquiets. Le sens de la vue est un des plus importants et je suis outré de voir que des professionnels de la santé puissent réagir avec autant d'indifférence», s'indigne-t-il. Par désespoir, il la présenta à un «guérisseur» de la région de Chlef. «Cette personne me tapa à la tête à plusieurs reprises en proférant des menaces à l'encontre de démons», narre Ahlem, suppliant son père de ne plus être confrontée à ce genre de séances traumatisantes. Alors il emmena sa fille à l'hôpital de Béni Messous. «Là on l'avait prise en charge de suite», se félicite son père qui rend hommage à tout le personnel du service ophtalmologie qui n'a ménagé aucun effort pour lui prodiguer les soins nécessaires. On diagnostiqua une cataracte (opacification du cristallin: petite lentille située derrière la cornée qui focalise les rayons lumineux sur la rétine) ainsi qu'une uvéite (inflammation de l'uvée). Enceinte, les chirurgiens ophtalmologistes préférèrent attendre que la jeune femme accoucha pour éviter les complications. Plus de dix mois après la naissance du bébé, on décida de l'opérer. L'opération consistait à lui enlever le cristallin opaque pour le remplacer par un autre artificiel (un implant spécial acheté à Oran par le père d'Ahlem pour la somme de 17.000 DA). Cet acte chirurgical est des plus compliqués car il fallait d'abord remplacer le cristallin opacifié pour pouvoir voir minutieusement à l'intérieur de l'oeil et savoir si l'inflammation de l'uvée n'avait pas provoqué d'autres lésions, explique le Dr Farida Limane, maître-assistante au service femmes ophtalmologie, membre de l'équipe ayant opéré Ahlem.