Les propos de Karim Tabbou sur la loi de finances complémentaire déplaisent à Louisa Hanoune. Ayant longtemps partagé ses positions avec celle du parti d'Aït Ahmed, la pasionaria du Parti des travailleurs inaugure une nouvelle ère en traçant les nouvelles lignes de démarcation avec ses anciens alliés. Cette position politique est-elle inspirée par la seule position de ce parti d'Aït Ahmed, s'inscrivant contre les dispositions de la loi de finances complémentaires 2009 et 2010? Cette sortie est qualifiée de «très grave» par la secrétaire générale du PT lors d'une conférence de presse hier à Alger. Cela paraît «étrange» aux yeux de Mme Hanoune d'autant plus que la critique vient d'un parti de gauche. Le premier secrétaire national du FFS, Karim Tabbou s'est s'interrogé récemment sur la doctrine et la stratégie économiques du gouvernement. «Gérer l'économie d'un pays aujourd'hui c'est comme conduire un supertanker dans l'océan, on ne peut pas faire virer brutalement à 360° le supertanker sans prendre le risque de le couler, il en est de même de l'économie: un jour on décide d'ouvrir, de libéraliser, de privatiser et le lendemain on ré-étatise à tous crins.» «Il ne s'agit pas de la meilleure manière de protéger l'économie nationale», a-t-il encore noté. De même que «le pays enregistre un déficit de crédibilité et retourne à la case départ en étant classé pays à risques élevés» avait-il asséné. Sur un autre plan, Mme Hanoune a affirmé que le ministre des Finances, Karim Djoudi a donné une garantie quant à la non- privatisation des banques publiques. Le ministre s'est prononcé, lors de son audition par la commission des finances de l'APN dont la députée du PT fait partie. Cette audition a trait à l'ordonnance portant sur les amendements de la loi sur la monnaie et le crédit. L'assurance est donnée quant à la non-ouverture du capital des banques publiques aux étrangers, indique-t-elle. Cependant, ce gage reste insuffisant puisqu'il est n'est pas consigné noir sur blanc dans cette ordonnance qui sera soumise au Parlement le 22 du mois en cours, fera-t-elle savoir. Le ministre a souligné que «les dispositions en question sont relatives aux investissements à venir des opérateurs étrangers dans le domaine des finances», a-t-elle expliqué. «En tout cas, on aura l'occasion de demander plus d'éclaircissements à ce propos», a-t-elle ajouté. La secrétaire générale du parti est revenue sur d'autres dossiers. Elle n'a pas manqué de réitérer son soutien à la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Ce projet a le mérite, soutient-elle «de participer au retour de la paix même si quelques problèmes subsistent encore mais surtout, ce processus est une initiative nationale». Cette déclaration s'inscrit aux antipodes de l'attitude du PT ayant fait partie de l'initiative de Saint'Egidio. La question des disparus a été également évoquée par la même responsable. Un appel à l'ouverture du débat sur cette question a été lancé par Mme Hanoune à l'adresse des pouvoirs publics. «Il est impératif de donner le répit aux familles des disparus sachant que ce dossier peut servir d'alibi à l'ingérence étrangère», appuie-t-elle encore. Dans ce contexte, Mme Hanoune déclare que «les victimes sont les disparus de temps de guerre et non ceux générés par un régime dictatorial». Le temps des bilans et la rupture avec les institutions «obsolètes» sont devenus le cheval de bataille de la secrétaire général du PT. En faisant l'appel du pied aux hautes autorités de l'Etat, Mme Hanoune explique que ça relève des prérogatives du président de la République «qui ne fait plus confiance à l'APN de prendre la décision tant attendue d'organisation des élections législatives anticipées». «Cette assemblée est décriée de toutes parts. L'impunité parlementaire ouvre la voie à toutes les dérives et l'enrichissement illicite», fait-elle remarquer. Les dernières décisions relatives à l'absentéisme dans les établissements scolaires et l'obligation de résultats pour les directions d'éducation prises par le ministre de l'Education sont qualifiées «d'inconcevables et graves» par l'oratrice. «Ces mesures sont contraires au Code du travail et aux dispositions du Statut général de la Fonction publique», indique-t-elle. Enfin, les 171 membres du comité central ont procédé à l'élection des 23 membres du bureau politique à l'issue des travaux de la session ordinaire du parti.